Paris a perdu l’organisation des Jeux olympiques de 2012 mais le XVIIe arrondissement n’a pas perdu son parc. La réalisation de la première phase du jardin des Batignolles – 4,3 hectares entre la rue Cardinet, au sud, et la voie ferrée de la petite ceinture, au nord – est d’ores et déjà programmée, du printemps 2006 au printemps 2007, sur les installations actuelles de fret de la SNCF. La seconde phase (5,5 hectares), initialement prévue après 2012 sur l’emplacement des équipements sportifs du village olympique, verra son calendrier modifié (lire encadré). Conçu par l’agence de paysagistes de Jacqueline Osty – associée pour la maîtrise d’œuvre du quartier des Batignolles à l’architecte François Grether –, cet espace vert très attendu au nord-ouest de Paris devrait s’imbriquer intimement dans le tissu urbain.
A l’image du parc Monceau, celui des Batignolles sera isolé de la circulation automobile. Une fois achevé, il sera clos par des fronts bâtis – sans rues intermédiaires – ou par des voiries secondaires. Il créera des liaisons interquartiers – avenue de Clichy à l’est, boulevard Pereire et rue de Saussure à l’ouest – aujourd’hui inexistantes du fait de l’emprise de la gare de marchandises des Batignolles : ses axes piétonniers principaux sont conçus en prolongement des rues qui y débouchent. Une grande promenade en diagonale reliera le parc à la Porte de Clichy et au square des Batignolles, cher à la chanteuse Barbara.
La voie ferrée de la petite ceinture au ras de l’eau. Jacqueline Osty a rêvé d’une voie ferrée évoluant entre les roseaux : « C’est probablement ce choix qui nous a valu de remporter la réalisation du site. La création des bassins permettra de sécuriser le passage de la voie ferrée sans modifier la topographie du site, enterrer la petite ceinture ou la faire passer en hauteur », explique-t-elle.
Au-delà de la poésie et des dénivelés, la fonction aquatique a une dimension écologique certaine. Les quatre bassins créés à terme – au sud seulement dans la première phase – assainiront, grâce à un système de restauration végétale, des eaux de la Seine acheminées par canalisation. Un fossé récupérera pour l’arrosage les eaux de pluie drainées par un système de noues, tout en assumant une fonction paysagère : les berges seront plantées de saules argentés, la surface de l’eau accueillera nénuphars et roseaux.
Le jardin veut permettre la pratique d’usages variés tout en développant des végétaux marquant fortement le passage des saisons : « Le jardin des Batignolles sera un lieu à la croisée entre le magnifique parc André-Citroën (Paris XVe), très contemplatif, et celui de La Villette (Paris XIXe) qui offre une très forte appropriation des espaces. Je souhaite alterner des espaces ouverts et plus intimes, voir pousser des arbres somptueux aux troncs étonnants. Les quatre saisons auront chacune un lieu dédié et seront identifiées par des essences caractéristiques », commente la paysagiste.
Le thème du sport ne perdra pas sa place malgré l’échec de la candidature parisienne : il correspond à une vraie demande des quartiers proches. Une aire de skate de 1 000 m2 est prévue en première tranche ainsi qu’un vaste espace fermé pour les tout-petits et un espace de jeux pour les « moyens ». Dans deux ans, la première phase du parc des Batignolles fleurira, posée au milieu de nulle part, en attendant les constructions de la ZAC des Batignolles (40 hectares au total). Un scénario inverse au schéma traditionnel, où la réalisation des espaces verts vient en général après celle des bâtiments
