Planification Des outils pour une urbanisation durable

La Ville de Grenoble s’est dotée, depuis deux ans, d’un PLU (plan local d’urbanisme) innovant, qui cible écoconstruction et aménagement durable. Acteurs publics et privés s’adaptent à ces nouvelles exigences, qui se concrétisent dansplusieurs projets urbains.

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Apprendre en marchant, c’est un peu le leitmotiv de la construction grenobloise, engagée en rang serré sur la voie du développement durable. Deux ans après l’approbation d’un PLU (plan local d’urbanisme) de Grenoble ciblant l’écoconstruction, une étude menée sur les permis de construire délivrés pour les projets de plus de dix logements ou d’activité (au moins 1 000 m2 Shon) vient d’en préciser les premiers effets. Le constat : 75 % des 87 projets d’immeubles neufs autorisés depuis octobre 2005 intègrent l’isolation par l’extérieur et la moitié utilisent l’énergie solaire. Trois quarts des projets disposent aussi de terrasses végétalisées, soit un total de 34 000 m2. Un bilan flatteur : « Les enjeux environnementaux à Grenoble sont exacerbés par la pollution due au trafic dense et à la situation en cuvette de la ville, ajoutée à de fortes amplitudes thermiques, explique Pierre Kermen, maire adjoint de Grenoble à l’urbanisme et à l’environnement. Lors de l’élaboration du PLU, nous avons voulu en renforcer les objectifs écologiques : maîtrise de l’étalement, verdissement de la Ville en doublant les surfaces de pleine terre sur les opérations nouvelles, recommandations systématiques sur l’écoconstruction dans le règlement. »

Coproduction public-privé.Les ZAC et leur cahier des charges conditionnant la cession des charges foncières ont permis à la Ville de concrétiser ces objectifs par des opérations urbaines. Ainsi, plus de la moitié des permis autorisés depuis octobre 2005 l’ont été dans une ZAC. Certaines opérations sont devenues pour la Ville des vitrines de la qualité environnementale. Ainsi, la ZAC de Bonne (page ci-contre) s’est doublée d’objectifs de performance énergétique – charges de chauffage inférieures à 50 kWh/m2/an –, en appliquant le programme européen Concerto. « Au-delà de l’effet vitrine, l’idée est de permettre à tous les acteurs locaux de la construction de se former aux bonnes pratiques du bioclimatisme », explique Laurent Gaillard, directeur de l’urbanisme à la Ville de Grenoble. Et de faire tache d’huile dans le diffus.

Car les grandes emprises foncières sont rares dans une ville dense, contrainte dans ses 800 ha par trois massifs montagneux. « Pour alimenter l’offre de logements à l’intérieur de la ville, l’ouverture au foncier a été accrue. D’ici à fin 2008, la majorité des projets seront portés par une maîtrise d’ouvrage privée », ajoute Laurent Gaillard. L’outil ZAC va évoluer dans son contenu, couvrant des terrains privés et municipaux, comme sur l’îlot Blanche-Monnier page 66). Le cahier des charges des nouvelles ZAC, établi conformément au « Guide de la qualité environnementale dans l’architecture et l’urbanisme (1) », renforçant les bases d’une coproduction de la ville par les acteurs publics et privés.

Du côté des promoteurs, l’adaptation à ce nouveau cadre ne va pas sans pointer des difficultés. Au premier rang, les surcoûts liés à la qualité environnementale : « Les coûts de construction s’en ressentent inévitablement, d’autant que la ville est située en zone sismique, explique François Schmitt, à la tête du promoteur isérois Résidences Teillaud. Le surcoût atteint 8 %, et les prix de sortie ne peuvent pas augmenter au-delà des 2-3 %. » La compression des marges est gommée par la pression foncière (3 000 à 3 200 euros/m2 dans le diffus), mais, souligne-t-il, le critère écologique n’est pas encore décisif pour les acquéreurs.

Dans le parc social, l’équation est différente : « Depuis 2001, tous les bâtiments construits mobilisent l’isolation par l’extérieur et les chauffe-eau solaires, explique Maryvonne Jumeau, présidente du bailleur grenoblois Actis. Le surcoût suppose un lourd travail de recherche de subventions, de prêts bonifiés, et l’intégration des fonds propres de l’organisme dans toutes les constructions nouvelles et les réhabilitations, mais l’on finit par y arriver. » La difficulté : « Les entreprises de construction répondent plus facilement aux maîtres d’ouvrage privés, qui ne sont pas astreints aux procédures de marchés. Et le tissu local ne s’adapte que progressivement aux besoins. La géothermie a un fort potentiel à Grenoble. Nous sommes pourtant démunis localement de ces compétences », ajoute-t-elle.

Cibles écologiques. Cette inertie ne freine pas les ambitions écologiques de la Ville. « Dans les années qui viennent, nous souhaitons qualifier la performance énergétique, explique Pierre Kermen. La SEM Sages a mandaté le bureau d’études Enertec pour pouvoir intégrer le plus possible de cibles écologiques aux marchés publics. » Une réflexion est menée sur les matériaux de construction, dont l’énergie fossile dépensée pour leur production, et sur la possibilité d’inclure les conclusions dans les documents d’urbanisme.

Qu’en pensent les acteurs privés ? « Ce cadre reste lourd en études, avec aussi des côtés expérimentaux : certaines techniques employées en zone sismique, comme les fixations des vêtures couvrant les isolations extérieures, ne sont pas validées par un DTU (document technique unifié), explique François Schmitt. Mais la démarche reste intéressante : nos équipes acquièrent un vrai savoir-faire environnemental. Cela nous permet de gagner du temps. » Et de marcher en apprenant.

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