Après le diagnostic, le traitement. La première phase du Programme national ponts (PNP) mis en place par l’Etat en 2021 a permis au Cerema d’analyser l’état de santé de 63 000 ouvrages d’art dans 15 000 communes. Verdict : « 5% des ponts et murs présentent des problèmes de sécurité du fait de désordres graves sur la structure » nécessitant une limitation de tonnage ou même la fermeture de l’infrastructure, indique le Cerema dans son bilan d’étape – 400 ponts ont ainsi été rendus inaccessibles. « C’est la première fois que nous arrivons à produire quelque chose de vraiment massifié », se félicitait Pascal Berteaud, directeur général du Cerema, le 21 novembre au Salon des maires.
Plus de 300 dossiers
Fin 2023, avec l’appui du Sénat, le PNP est entré dans une seconde phase de deux ans, celle des travaux, avec un budget de 55 millions d’euros destiné aux communes de moins de 10 000 habitants. Fin octobre, une cinquantaine d’ouvrages étaient réhabilités ou en travaux, 135 subventions avaient été attribuéespour près de 17M€ et plus de 300 dossiers déposés – plus d’un par jour, souligne le Cerema. L’aide de l’établissement public est un véritable soulagement pour Isabelle Gandit, maire d'Aries-Espénan (Hautes-Pyrénées), une commune de 90 habitants dotée de cinq ponts, dont deux en mauvais état.
Une aide de 60%
« Le premier est fragilisé au niveau des piles et le second est victime de la corrosion. Nous avons donc dû limiter le tonnage à 12 t », détaille l’élue qui a choisi de s’attaquer prioritairement à cet ouvrage de 14 m qui dessert « un hameau, une église, un cimetière et un camping ». Sa reconstruction est chiffrée à 400 000€ TTC. Mais où la petite commune pourrait-elle trouver cette somme quand son budget annuel tourne autour de 130 000€ ? Après deux ans de travail pour constituer le dossier, Isabelle Gandit s’est vu attribuer en octobre par le Cerema près de 200 000€, soit 60 % du montant total HT, le subventionnement maximum.
Soulagement des maires
Même soulagement pour Pascal Duffner, maire de Bretonvillers, une commune de 270 habitants dans le Doubs, qui doit financer la démolition-reconstruction de l’un de ses ponts pour 540 000€. L’édile, qui avoue « en avoir cauchemardé », a lui aussi obtenu 60% des fonds nécessaires auprès du Cerema. Egalement dans le Doubs, Thierry Maire du Poset, élu à Rennes-sur-Loue, 110 habitants, doit remplacer une passerelle métallique pour 700 000€. « J’espère être accompagné par le Cerema et d’autres financeurs pour arriver au moins à 80% d’aides sinon ma commune ne pourra pas assumer cet investissement », s’inquiète-t-il.
Un programme similaire pour les digues ?
Les avancées permises par le PNP travaux sont une vraie satisfaction que Pascal Berteaud aimerait pouvoir dupliquer : « Nous le prenons en exemple dans nos discussions avec le gouvernement pour proposer des programmes similaires concernant les digues et la protection contre les inondations », indique le directeur général du Cerema. Le travail accompli permet en outre de chiffrer le coût du maintien en bon état des 63 000 ouvrages recensés et il est conséquent : il faudrait ainsi 140M€ par an pour en assurer l’entretien et la maintenance. Quant à leur remise en état, elle nécessiterait « un rattrapage de près de 3,3Mds€ dont 740M€ pour les ouvrages nécessitant une action immédiate ».