Grenelle de l’environnement oblige : plus question de gaspiller de l’énergie. Alors les besoins en chauffage ne cessent d’être réduits grâce aux réglementations thermiques successives depuis 1973. Et qui n’auront cesse de se durcir pour arriver à un bâtiment qui produit plus qu’il ne consomme en 2020. Mais CQFD : plus le bâti est performant en terme de consommation de chauffage, plus les besoins en eau chaude sanitaire, eux, deviennent comparativement conséquents. Premier enjeu pour les fabricants de chauffe-eau : « Pouvoir proposer des solutions économes en énergie, mais aussi simples à mettre en œuvre », annonce d’emblée Joseph Colantuono, responsable marketing produits chez Bosch (Buderus, Elm Leblanc, Geminox). A l’image du chauffe-eau solaire individuel dont l’économie d’environ 50 % sur la facture annuelle d’énergie est avérée grâce à l’exploitation d’une énergie gratuite et toujours disponible. Mais cette installation peine à trouver ses marques aussi pour des raisons techniques. Dans ce cas, les stratégies industrielles « sont plus orientées vers la mise en œuvre des capteurs solaires en toiture car c’est cette étape qui représente le plus de contraintes ». Côté chauffe-eau gaz et électrique traditionnels, les technologies sont maîtrisées. Mais sans révolution, ils vont quand même devoir s’adapter au contexte réglementaire.
En attendant 2013…
« Que ce soit pour les produits de chauffage ou de production d’eau chaude sanitaire, nous allons tous être confrontés à la directive ErP et à l’obligation européenne d’Eco-labelling qui définit l’étiquetage énergétique des produits comme pour les réfrigérateurs et les lave-linge », rappelle Nicolas Flament, responsable marketing chez Saunier Duval. « Nous allons devoir renouveler nos appareils au regard de ces dispositions. » Mais difficile aujourd’hui de parier sur l’innovation. D’autant que rien n’est clairement défini en termes d’exigences. Les industriels restent dans l’expectative. « Nous sommes encore dans le flou, et il est en plus difficile de comparer de l’électrique et du gaz. » Pourtant d’ici à fin 2012, début 2013, le consommateur lui devrait pouvoir y arriver et opter selon des critères objectifs, pour la solution la plus économe. Mais une chose est déjà certaine pour les chauffe-eau gaz : ils ne devront pas excéder un certain niveau de NOx (oxyde d’azote), et afficher les meilleures performances d’un point de vue du rendement. « Nous allons donc apporter des modifications produits en proposant un renouvellement de gammes plus propres, mais en intégrant les technologies existantes. » Autre problématique de cette directive ErP : « En demandant des rendements en termes de production d’eau chaude sanitaire, elle risque de mettre du plomb dans les solutions électriques », poursuit Joseph Colantuono. Et le paysage réglementaire n’a pas fini de délivrer son lot de contraintes pour les chauffe-eau. A l’instar du label BBC déjà devenu incontournable lors de la construction de logements, et la RT 2012, applicable pour ce marché à compter du 1 janvier 2013. « Cette dernière n’est pas favorable au chauffe-eau électrique », confie Cécile Lieutaud, chef de groupe marketing - solutions eau chaude à énergies électrique et renouvelables chez Atlantic. Et à l’effet joule de manière générale. Alors clairement, le chauffe-eau thermodynamique pourrait remplacer la solution électrique traditionnelle dans le neuf. « Le crédit d’impôt de 36 % pour cet équipement mis en place à partir de 2010 a eu pour effet d’enclencher le marché afin que ce produit se démocratise. Nous allons donc vers des solutions toujours plus abouties, et plus optimisées au niveau des coûts. »
Vers des solutions combinées
Le marché du chauffe-eau thermodynamique s’annonce donc juteux. La preuve : « Courant 2011, de nombreux fabricants se sont positionnés sur ce créneau », constate Joseph Colantuono. Et l’objectif aujourd’hui est d’apporter une réponse pour tous types de configurations. Ainsi, les solutions qui utilisent les calories de l’air ambiant grâce à une unité pompe à chaleur pour chauffer l’eau s’installent dans une pièce non chauffée d’au moins 20 m, sans gaine, ou dans un volume chauffé avec gaines sur l’air extérieur dans le volume habitable. Adaptée aussi en neuf comme en rénovation, la technologie sur air extérieur, signifie qu’une pompe à chaleur est placée hors du logement et capte les calories présentes dans l’air pour assurer la production d’eau chaude dans le chauffe-eau à l’intérieur. Une réponse notamment pour les petites surfaces. Réservée aux logements neufs, l’autre technique basse consommation consiste à extraire l’air d’une VMC. Un des enjeux du chauffe-eau thermodynamique est notamment de diminuer le bruit afin qu’il trouve naturellement sa place dans l’habitat comme les chaudières murales. Reste qu’en rénovation, la contrainte de l’énergie disponible doit être considérée. Et le couplage d’équipements thermiques pourrait se généraliser. D’autant qu’« avec l’inéluctable baisse du crédit d’impôt, les solutions vont entrer en compétition entre elles », constate Nicolas Flament. Autre argument en faveur d’un couplage d’équipements : le chauffe-eau thermodynamique comme le chauffe-eau solaire peuvent nécessiter un appoint aux périodes froides. L’un comme l’autre vont trouver leur place. Dans le neuf par exemple, au regard de la RT 2012 qui exige au moins 5 kWh/m.an, le chauffe-eau solaire devrait rompre avec la baisse amorcée ces dernières années. D’où encore une fois l’émergence de solutions combinées qui, par exemple, réunissent sous un même habillage, une chaudière condensation pour la production de chauffage et assurer l’appoint d’un chauffe-eau solaire. Sur ce marché du chauffe-eau, l’enjeu industriel devient donc d’apporter une diversité de technologies les plus économes, et en adéquation avec la configuration du logement à équiper.


