Michel Julien-Vauzelle, le président de l’association ConstruirAcier, est catégorique : l’annonce faite, jeudi 8 mars, par Donald Trump de mesures protectionnistes contre l’acier importé aux États-Unis n’aura quasiment aucune répercussion pour les constructeurs métalliques et les métalliers européens, y compris français. Le président américain a décidé de porter les droits de douane sur les importations d’acier à 25% en vue de doper la création d’emplois dans cette industrie, longtemps symbole de la puissance américaine, et aujourd’hui en difficulté. À noter que l’aluminium est aussi dans le viseur de Trump, avec une hausse de 10% des droits de douane.
Le dirigeant de ConstruirAcier, qui représente toute la filière (sidérurgistes, distributeurs, transformateurs, constructeurs métalliques, métalliers), estime tout d’abord que Donald Trump aura le plus grand mal à mettre en place cette barrière à l’importation de l’acier dans son pays : « Il y a seulement 5% de chômage aux États-Unis. Il n’y a tout simplement pas les moyens humains d’augmenter la production. »
Michel Julien-Vauzelle estime ensuite que si jamais les 4% d’acier produit dans l’Union européenne et qui sont vendus actuellement aux USA (pour une valeur d’environ 5 milliards d’euros) ne devaient plus l’être, le cours de ce matériau n’en serait pas pour autant modifié sur le Vieux continent : « La demande en acier est déjà à un haut niveau en Europe, avec des usines qui ont retrouvé une activité normale et un secteur du bâtiment qui va bien, et les délais de livraison sont très longs. Ce surplus de 4% qui serait réinjecté sur le marché européen serait rapidement absorbé et n’aurait aucune influence sur les prix de l’acier. Au mieux, cela réduirait les délais de livraison. Il faut savoir que le prix de l’acier est sur une tendance haussière, avec un prix de l’énergie qui augmente. » Peut-on par ailleurs craindre un tarissement de l’acier venant des États-Unis et importé en Europe ? Pas plus, selon le président de ConstruirAcier : « Il n’y a pas d’acier destiné à la construction provenant des États-Unis, ni de Chine d’ailleurs. » Là aussi, le problème ne se pose donc pas.
Ces mesures protectionnistes devraient, enfin, rester le plus souvent au niveau du symbole, car les exceptions seront nombreuses : le Canada et le Mexique en seront exemptés. Et la Maison-Blanche a indiqué, jeudi 8 mars, que tous les pays concernés pourront engager des négociations avec les États-Unis. « Nous allons faire preuve de beaucoup de flexibilité », a déclaré Donald Trump. Dans la foulée, la commissaire au commerce européenne, Cecilia Malström, a estimé « que l’UE devrait être exemptée » de ces taxes douanières.