Edito

Reconstruire Mayotte

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Fabien Renou, rédacteur en chef
Fabien Renou, rédacteur en chef

Ils ont survécu à l'ouragan, ils doivent désormais survivre au dénuement. Les Mahorais ont tout perdu. Plus de toit, plus d'eau, plus d'école… Le passage de Chido a ravagé l'archipel et plongé la population dans un état de détresse absolu. Quand, sur un territoire aussi isolé, les bâtiments et les infrastructures se trouvent hors service, c'est tout un cadre de vie qui disparaît. Et ce, même quand cet environnement se compose d'habitats précaires et d'urbanisme spontané.

Désormais, il faut mobiliser tout ce dont l'île manque cruellement mais qui, partout, fait un chantier.

Le cent unième département français n'avait, il est vrai, pas besoin de ça. Le cataclysme n'a fait qu'ajouter du malheur à la misère. En rasant des bidonvilles, il a tout pris à ceux qui n'avaient presque rien. En anéantissant l'aéroport, il a bloqué la seule voie d'accès à ce confetti perdu dans l'océan Indien. En blessant une foule de personnes tout en dégradant l'hôpital, il a saturé un établissement qui manquait déjà de capacité d'accueil.

Sanitaire et humanitaire, l'urgence est aussi constructive. Or, dans l'Hexagone comme en outre-mer, il faut du temps pour passer du projet à la réalisation. Nous avons, fort heureusement, déjà démontré notre capacité à forcer l'allure. Des moyens exceptionnels n'ont-ils pas été débloqués pour répondre aux besoins d'une ville sous-équipée comme Marseille ? Certes, mais Mamoudzou n'est plus qu'un champ de ruines. N'est-on pas parvenu à rebâtir Notre-Dame en un temps record ? Vrai. Reste que, pour les rescapés de Mayotte, cinq années ressemblent à une éternité. De toutes les crises récentes, celle-ci s'apparente à du jamais-vu.

La solidarité nationale s'exprimera tant par la mobilisation des fonds publics que par la générosité privée. Mais au-delà de la question financière, cette situation inédite impose une remise à plat de toutes nos habitudes, de tous nos process. Déjà, les règles habituelles de la commande publique peuvent être outrepassées. Désormais, il faut mobiliser moyens techniques et logistiques. Des hommes et des matériaux, des savoir-faire et des engins. Bref, tout ce dont l'île manque cruellement mais qui, partout, fait un chantier. Et, là-bas, ce sont des milliers et des milliers de chantiers qui nous attendent.

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