Alors que se prépare pour 2014 la rénovation du court central Philippe-Chatrier du stade Roland-Garros,
la rénovation du Club des loges sous le cours Suzanne-Lenglen a tenu lieu de répétition générale.
La reconfiguration des presque 3?000?m2 de ce lieu de réception et de restauration aura tout de même nécessité huit?mois de travaux avec un impératif?: être fin prêt pour la dernière semaine de mai 2012, semaine d’ouverture des Internationaux de France de tennis. «?Il n’est même pas envisagé de pénalités de retard?», constate amusé Didier Girardet, l’architecte du projet qui travaille depuis vingt?ans avec la Fédération française de tennis. La vie entière du lieu s’organise autour du tournoi. Ainsi, le Club des loges est-il dimensionné pour accueillir 1?600?personnes et rassasier quelque 1?000?convives par jour. «?Nous accueillons également des séminaires, précise Jean-Rémy Maillard, directeur travaux neufs de la Fédération française de tennis, propriétaire du lieu. Mais c’est plus une occasion de faire découvrir Roland-Garros à de potentiels partenaires qu’une nécessité économique. Le rendez-vous, c’est le tournoi.?»
L’aménagement précédent datait de la création du cours Suzanne-Lenglen en 1994. Outre le vieillissement des installations tant d’un point de vue technique qu’esthétique, les besoins avaient évolué. «?Nous avions besoin d’un espace modulable pour faciliter l’accueil en dehors du tournoi, explique Jean-Rémy Maillard. Par ailleurs, le Club des loges est un des lieux de prestige du stade. À ce titre, il lui fallait retrouver de la modernité et répondre au mieux au besoin de la clientèle. Par exemple, agrandir et protéger les terrasses car, pendant le tournoi, tout le monde veut profiter du dehors.?»
Le programme de rénovation comprend ainsi les deux salles de restauration (restaurant, 373?m2 et brasserie, 191?m2) et leurs terrasses respectives (205?et 295?m2), un espace bar (commun à la brasserie et au restaurant), deux offices traiteurs, un espace lounge, quatre blocs sanitaires, l’aménagement paysager et la couverture mobile des deux terrasses. Outre l’accueil des spectateurs du tournoi, la demande a été faite à l’architecte de concevoir un lieu de conférence nécessaire à la tenue de l’assemblée générale annuelle de la Fédération et de ses 350 participants.
Pour assurer la transformatrion de cette salle dévolue en temps normal au restaurant, une reprise en sous-œuvre aura été nécessaire. «?Pour supprimer quatre poteaux présents au milieu de la salle, il nous fallait soulager deux poutres, relate Gaëtan Le Bacquer, architecte au sein de l’agence ACD Girardet. Celles-ci supportent une toiture végétalisée avec des arbres d’une dizaine de mètres. Nous avons donc créé, côté est, deux nouveaux poteaux béton, fondés quatre niveaux plus bas. Et côté ouest, nous avons renforcé deux poteaux existants en agrandissant les fondations et en recréant des micropieux. Nous avons ensuite moisé les deux poutres avec des plats métalliques et avons supprimé les poteaux qui gênaient la visibilité du spectateur.?» La salle est complétée d’une régie et un grand soin est apporté à l’aspect phonique avec, entre autres, la pause de plafond acoustique (Mono Acoustic TE de Rockfon) et de panneaux latéraux microperforés (Obersound d’Oberflex). Une moquette grise haut de gamme et résistante au trafic (Carve de Lano) présente aussi dans le reste du restaurant et de la brasserie, participe aussi à la bonne acoustique.
Les ambiances lumineuses ont été définies par zone. Le hall est illuminé et coloré par une double rangée de 23?modules (cf. encadré). La brasserie, elle, bénéficie d’une vingtaine de plafonniers soufflés main de couleur blanche (Logico 3?x?120 d’Artemide, température 3?000?K). «?En dehors du hall, nous avons privilégié la sobriété en recourant à de la lumière blanche, souligne Didier Girardet.
Et de façon générale, en contraste avec l’ambiance boisée et cosy de l’ancien aménagement, nous avons cette fois pris le parti d’une grande luminosité.?» D’où une température de blanc de?3?000?K dans tout le Club (hors hall).
Dans la salle de conférences, 49?pavés Led (Modul Q36 IQ Master LED de Nimbus) sont disposés tous les 1,8?m. Enfin, l’éclairage technique général, réalisé par des spots à Led (Parabola?80 Dimmable 13?W d’Artemide, température 3?000?K), a été développé spécifique-
ment il y a quelques années pour les vestiaires et le restaurant des joueurs, avant d’être intégré au catalogue Artemide.
Trois axes d’agrandissement
Pour répondre au besoin de gain de place en extérieur, la proposition de Didier Girardet aura été triple. Premier axe, le plus évident?: agrandir les terrasses. «?Nous avons rationalisé l’espace terrasse de la brasserie en supprimant son caractère courbe. On peut désormais y accueillir 50?convives supplémentaires, soit plus de 200?personnes.?»
Deuxième axe?: les terrasses bénéficient de couvertures en toile rétractable motorisée (cf. encadré) qui permet de profiter de l’extérieur, quel que soit le climat.
Troisième axe?: «?Les gens se battaient pour être sur les terrasses, se souvient Didier Girardet. Pour supprimer cette rupture entre le dedans et le dehors et créer un espace unique, nous avons conçu des cloisons verre escamotables en accordéon sur l’intégralité de la largeur entre les salles et les terrasses.?» Les baies vitrées articulées en accordéon (Schüco) se replient donc de part et d’autre et se rangent contre les murs, laissant complètement libres 12?mètres de transition entre salle et terrasse.
Une ouverture qui laisse la vue libre vers l’aménagement paysager conçu avec l’aide du paysagiste Sempervirens. La végétation exotique, «?pour sortir un peu de Paris?», est disposée en terrasses avec un habillage en acier Corten. L’acier est oxydé artificiellement, afin d’offrir une teinte rouille, rappelant la terre battue.
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Retrouvez tous l'intégralité de cet article dans le numéro de mai des Cahiers Techniques du Bâtiment.