Avec 7 millions d’habitants en plus dans 30 ans, des croissances de 20% dans certaines métropoles, le défi des déplacements du quotidien est considérable. « Nous ne pouvons le relever que grâce au train. Le fer ne joue pas encore assez son rôle. Si de grandes métropoles telles que Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon, Strasbourg… s’engagent dans cette voie, l’État sera au rendez-vous », a posé la ministre chargée des Transports, Élisabeth Borne, par message vidéo, lors du colloque « Réseaux et Territoires » organisé à Bordeaux ce 28 mai par SNCF Réseau et les collectivités territoriales néo-aquitaines.
Rappelant que la désaturation des nœuds ferroviaires est l’une des priorités de la loi Mobilités avec un engagement de l’État à hauteur de 1,3 Md € sur 10 ans, la ministre a ainsi annoncé la réalisation d’ici fin 2019 d’un Schéma national des RER métropolitains confié à SNCF Réseau. « Nous allons faire un tour des grandes métropoles françaises pour réfléchir sur ce concept de RER, soit un service cadencé, régulier, sur des gares proches, qui existe aussi en période hors heure de pointe et connecté aux autres infrastructures de transport… », a indiqué Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau.
"Partir des services souhaités, voir ensuite l’impact sur les infrastructures"
Si l’opérateur des infrastructures ferroviaires, qui prend la casquette de « catalyseur » s’est en effet fixé comme prioritaire dans sa stratégie de désaturer les étoiles ferroviaires, ce sera aux métropoles et aux régions de trancher ; le financement leur incombant à parité de l’engagement de l’État.
« Elles feront leur choix et il faut d’abord partir des services souhaités pour voir ensuite l’impact sur les infrastructures », a précisé Patrick Jeantet.
Un plateau projet avec la métropole bordelaise
Des discussions ou comités de pilotage sont d’ores et déjà à l’œuvre avec des métropoles telles que Toulouse, Lyon, Marseille… et un «plateau projet», piloté par Réseau SNCF avec nomination d’un chef de projet, sera créé dès cet été, pour le cas de la métropole bordelaise.
Depuis fin 2018, la Région Nouvelle-Aquitaine et Bordeaux Métropole ont signé en effet un accord de partenariat pour la création en 2025 et 2028 de deux services express régionaux diamétraux dans la couronne de l’agglomération.
Lors du colloque de ce 28 mai, le Président de la métropole de Bordeaux, Patrick Bobet, a justifié cet engagement par une urgence sociale – les transports étant au cœur des revendications des gilets jaunes-, par la nécessité de fluidifier les déplacements au sein d’une métropole congestionnée et enfin l’urgence environnementale de lutte contre la pollution.
Des RER d’avance pour les métropoles suisses et allemandes
Si, fin 2019, la France bénéficiera sur une centaine de kilomètres du nouveau réseau express suisse transfrontalier, Le Léman express, elle reste bien à la traîne par rapport à d’autres pays européens, dotés depuis des années de ces services ferroviaires express.
« En Allemagne, le réseau S-Bahn est un maillon essentiel, comme à Hambourg où il s’étend sur 50 km et a permis à cette métropole d’élargir ses bassins de vie et d’emplois », a souligné Vincent Kaufmann, professeur en sociologie urbaine. S’il constate que la France est dotée de bons réseaux de transports urbains et de services performants sur la longue distance avec le TGV, « le chaînon faible, c’est l’entre-deux. Il y a un grand potentiel pour développer des RER mais il faut être ambitieux, ne pas raisonner que sur l’heure de pointe et développer de réelles communautés tarifaires ».