La LGV britannique HS2 (Highspeed 2) verra-t-elle le jour ? Et si oui, quand et combien coûtera-t-elle ?
Avant même que soit publié le rapport demandé à Douglas Oakervee, son ancien président, sur l'intérêt de poursuivre, modifier, ou tout simplement arrêter la construction de HS2, la ligne à grande vitesse censée mettre Londres à environ 50 mn de Birmingham au centre de l'Angleterre (contre une heure et demie actuellement), le gouvernement britannique a jeté un énorme pavé dans la mare, mardi 3 septembre 2019 : "Le président ne pense pas que le calendrier actuel de 2026 pour la mise en service de la première phase soit réaliste", a en effet annoncé le ministre des Transports Grant Shapps dans une déclaration écrite au Parlement.
A horizon 2030
Désormais, les dirigeants du projet tablent sur une ouverture de la première partie de la ligne, vers Birmingham, entre 2028 et 2031, a précisé le ministre. Quant à la seconde partie de la ligne, qui mène vers Manchester et Leeds, elle ne sera sera opérationnelle qu'à partir de 2035 voire 2040, alors que sa mise en service était prévue jusqu'alors en 2033.

Carte du projet HS2.
Autre annonce choc : le budget total devrait grimper pour atteindre entre 81 et 88 milliards de livres, soit une vingtaine de milliards de plus que la facture estimée jusqu'à présent à 62,4 milliards, selon des chiffres ajustés de l'inflation.
De contestations en problèmes logistiques
Les retards dans le projet HS2 s'expliquent d'une part par des problèmes d'approvisionnement qui ont retardé la signature des principaux contrats de construction.
D'autre part, trois contrats d'une valeur totale de plus de 2 milliards de livres sterling font l'objet d'un nouvel appel d'offres, aucun des soumissionnaires n'ayant convaincu HS2. Il s'agit notamment d'un lot pour construire la gare de Curzon Street à Birmingham et livrer la voie ferrée pour la première phase de la ligne.
Enfin, HS2 a été retardée par une contestation judiciaire de Bechtel, qui l'a empêchée de signer un contrat pour la station Old Oak Common pendant plus de six mois.
A la recherche de solutions
Malgré cela un porte-parole de HS2 a déclaré qu'un rapport de l'actuel président de HS2, Allan Cook indiquait "clairement" que la ligne était "une réponse stratégique convaincante pour les besoins futurs de la Grande-Bretagne en matière de transport, en réduisant la surpopulation et la congestion sur nos routes et chemins de fer, et en réduisant l'empreinte carbone du Royaume-Uni ".
Dès lors, pour réduire le surcoût, quelques solutions ont d'ores et déjà été avancées.
Mark Thurston, directeur général de HS2, a déjà parlé de l'utilisation de ballast au lieu d'une voie sur dalle - bien que cela réduira la vitesse maximale possible sur la ligne pendant sa durée de vie. Des réductions de la vitesse maximale, de 50 km/h, ont également été proposées, de même qu'une diminution de la fréquence des trains.
Boris Johnson aura son mot à dire
Et en mai, la Commission des affaires économiques de la Chambre des Lords avait demandé que la ligne se termine à Old Oak Common dans l'ouest de Londres, du moins dans un premier temps, au lieu d'Euston - bien qu'à ce jour Euston soit la seule station pour laquelle HS2 ait signé un contrat de construction.
M. Shapps a déclaré qu'une fois qu'Oakervee aura fait part de ses conclusions, il s'entretiendra avec le premier ministre Boris Johnson - qui a déjà exprimé son souhait de terminer le chantier - et le chancelier Sajid Javid, et que "ses recommandations éclaireront nos décisions sur nos prochaines étapes".
Et les majors françaises dans tout ça ?
Eiffage, Vinci et Bouygues sont impliquées dans le projet de LGV. En 2017, elles avaient décroché plusieurs marchés d'envergure.
- Vinci Construction Grands Projets, Vinci Construction UK et Vinci Construction Terrassement (avec Balfour Beatty) sur l'aire Nord, avec de nombreux ouvrages d'art, de terrassement, des déviations et des franchissements d'autoroutes portant au total sur 85 km de ligne pour un montant global de 2,5 milliards de livres (2,85 milliards d'euros). Et en février dernier, Vinci Construction UK a décroché un contrat à 1 Md£ (1,143 Md€) pour la construction de la gare d’Old Oak Common.
- Bouygues Travaux Publics et Eiffage Génie Civil – qui a dû faire face à la défection de Carillion - sur l'aire centrale des travaux, pour des contrats d’un montant global respectivement de 965 millions de livres (1,1 milliard d'euros) et 1,4 milliard de livres (1,6 milliard d'euros).
A l'heure actuelle, ces marchés ne figurent pas dans les carnets de commandes annoncés par les majors du BTP lors de leurs résultats semestriels. De son côté Eiffage a précisé mener l'équivalent de 40 M€ d'études sur le projet HS2. Une commande ferme qui s'étire jusqu'à la fin de l'année 2019.