« La situation financière des collectivités locales de notre région (1) s'améliore de manière sensible depuis 1992 pour devenir globalement satisfaisante en 1996, tandis que l'investissement ne cesse de diminuer », relève Jean-François Dupuis, directeur territorial Auvergne-Rhône-Alpes du Crédit local de France (CLF).
La pause générale des investissements de ces collectivités est sans équivalent sur les vingt dernières années avec en 1996 un reflux de 8 % contre les 4 % annoncés par le CLF alors que l'amélioration de la situation financière est bien réelle avec :
l'allégement des frais financiers (baisse moyenne de 5 % pour les départements (-14 % pour l'Isère et -20 % pour la Savoie) et les dix groupements analysés, et de 1,3 % pour les communes) ;
la maîtrise de l'endettement avec un capital remboursé supérieur aux emprunts nouveaux contractés (8,9 années pour rembourser la dette des communes de plus de 5 000 habitants contre 10,5 années au plan national) ;
le renforcement de l'autofinancement avec une épargne disponible en augmentation de 30 % à 2,7 milliards de francs ;
l'excédent de trésorerie de la plupart des collectivités.
Cette situation, rappelle le CLF, résulte ici comme ailleurs d'une augmentation de la fiscalité de 4,5 % en 1996, « dans un contexte de poursuite de la hausse des frais de personnel et des charges de gestion courante, à un rythme toutefois inférieur à celui des exercices précédents ».
Comment alors expliquer que malgré « une forte capacité à conduire des investissements élevés », l'investissement s'inscrit en net recul. Pour les départements, le retrait est de 5 % et 9 % pour respectivement 1992/1996 et 1995/1996. Pour les dix groupements, il est de -8 % et de -14 %. Seul le conseil régional fait exception : son investissement progresse de 25 % entre 1995 et 1996.
Ressorts psychologiques
Comment expliquer cette baisse (certes traditionnelle pour la deuxième année du mandat municipal) de l'investissement des collectivités dans des proportions aussi importantes ? D'autant que les besoins en Rhône-Alpes existent et que les capacités d'autofinancement sont réelles.
Faute d'explication objective, Jean-François Dupuis fait appel aux ressorts psychologiques : « Les élus comme la plupart des chefs d'entreprise semblent affectés par la morosité d'un contexte économique et social qui demeure malgré tout incertain. »
1) L'étude annuelle du CLF Rhône-Alpes analyse les comptes administratifs des 177 communes de plus de 5 000 habitants et des 8 départements de la région. Pour la première fois, les comptes des dix plus importantes structures de regroupement sont intégrés.
Reprise progressive jusqu'en 1999
Le CLF prévoit un redémarrage de l'investissement, pour les cinq raisons suivantes :
augmentation de près de 6 % par rapport à 1996 de l'effort total d'équipement inscrit aux budgets primitifs 1997 des collectivités étudiées ;
dynamisme traditionnel de la troisième année de mandat municipal ;
existence des besoins en équipement ;
renforcement en 1996 de la capacité d'autofinancement ;
bas niveau des taux d'intérêt favorable au financement de l'investissement par l'emprunt et non par augmentation de la fiscalité.
Cependant, la reprise devrait être plus significative en 1998 et 1999.