Rivières urbaines Des berges rendues à la nature et aux loisirs

Plusieurs villes réaménagent leurs berges, faisant de ces sites longtemps envahis par les voitures des espaces publics de grande qualité paysagère et urbaine, dédiés aux loisirs, à la détente et aux sports. En préservant, s’il le faut, les activités économiques déjà sur les quais.

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Les villes ont longtemps cantonné leurs berges de rivière à un rôle utilitaire. Quais de déchargement et zones d’entrepôts industriels jusqu’au XXe siècle pour accompagner le trafic fluvial, les rives urbaines ont ensuite été envahies par les aires de stationnement et par les voies de grande circulation.

Aujourd’hui, d’ambitieux projets d’aménagement visent à faire évoluer ces sites en espaces de détente. Déplacements doux (rollers, vélos, piétons), buvettes et restaurants, équipements sportifs et aires de jeux y sont programmés. Des événements festifs doivent pouvoir y être accueillis. Ces aménagements, par leurs qualités paysagères et urbaines, doivent aussi rétablir un certain équilibre entre ville et nature, et retisser des liens à toutes les échelles du territoire, du quartier à l’agglomération. Mais ils s’avèrent complexes, d’abord en raison des caractéristiques des berges et des activités qui s’y tiennent encore.

Composer avec les déniveléset les nuisances sonores. Les quais y sont étroits ou sont déjà occupés, rendant parfois la promenade impossible à réaliser, à moins d’intervenir en encorbellement au-dessus de l’eau. Les dénivelés importants imposent de ménager des rampes d’accès pour les personnes à mobilité réduite. L’activité industrielle fluviale doit également pouvoir y être maintenue : à Courbevoie, le port public devra être en mesure d’accueillir encore occasionnellement le déchargement des péniches.

Et, lorsque la voie rapide sur berges ne peut être supprimée, il faut trouver une solution aux nuisances sonores. « En aval du pont de Courbevoie, nous avons proposé de baisser le niveau du quai intermédiaire de 1 m afin de diminuer le niveau sonore de 5 décibels et d’élargir la promenade très étroite », explique l’architecte Bernard Althabegoïty. La complexité relève aussi du savant montage juridique que ces opérations nécessitent. Les sites se partagent entre plusieurs propriétaires et plusieurs gestionnaires. « Ces aménagements ne peuvent donc se faire que si de véritables partenariats sont engagés préalablement », explique Catherine Mery, chef de projet pour l’aménagement des berges de Seine au conseil général.

Ainsi, à Lyon, depuis le Rhône jusqu’aux façades des quais, le sol appartient au domaine public fluvial mais sa gestion avait été initialement confiée à Voie navigable de France pour le bas port, et à la communauté urbaine du Grand Lyon pour la concession d’amarrage et le quai haut. « Pour aménager le bas port, une convention de superposition de gestion tripartite a été signée entre VNF, le Grand Lyon et la ville, de manière à ce que nous puissions intervenir comme si c’était un espace public classique », explique Emmanuelle Sibué-Allart, chef de projet au Grand Lyon.

Sans modifier le lit ni entraverl’écoulement de l’eau. Ces sites subissent également plusieurs servitudes : la loi sur l’eau qui impose de ne pas modifier le lit du fleuve, sauf pour l’agrandir, afin de ne pas entraver l’écoulement des eaux en cas de crues ; les plans de prévention des risques d’inondation (PPRI) pour la protection des bâtiments existants et des constructions futures ; la loi Bouchardeau pour les déplacements doux programmés sur ces berges, qui sont considérés comme des infrastructures.

« A Lyon, pour l’aménagement du bas port, la question des crues a été intégrée dès la conception », explique la paysagiste Annie Tardivon, de l’agence In Situ. « L’espace a été conçu de manière à être le moins encombré possible avec une végétation et un mobilier adaptés (pas d’arbustes, des bancs en pierre) et des belvédères disposés au-dessus du niveau de la crue centennale. » Dans les villes patrimoniales, les quais sont parfois classés ou inscrits à l’Inventaire des Monuments historiques, à l’instar des quais du Châtelet et du Fort Alleaume à Orléans. « Tout l’enjeu est de conserver ces quais rustiques, voire inconfortables, tout en accueillant des pratiques contemporaines », relève le paysagiste Michel Corajoud.

Une ambiguïté négociée dans un projet de nivellement de sol très fin, à peine visible, qui déclinera usages spontanés, festivités et loisirs sans compromettre l’avenir de ces berges.

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