« Pendant des années, le marché intérieur des travaux routiers représentait, bon an mal an, 50 milliards de francs. A la fin de l'année, il aura perdu près de 20 % », constate Henri Mouliérac, le président de l'Usirf (Union des syndicats de l'industrie routière française). En effet, le bilan 1996 a été mauvais : - 10,7 % d'activité à fin novembre et sans doute - 11 % sur l'année (soit 42,5 milliards de francs en valeur).
Pour 1997, la prévision de l'Usirf (-5%) reste d'actualité. Outre des craintes sur un possible gel budgétaire - l'an dernier, 1,4 milliard de francs sur le budget des routes - l'actualité réserve aussi de mauvaises surprises. Ainsi, dans la région la plus touchée par la crise, l'Ile-de-France, la mise sous tutelle du budget va se traduire par quatre à cinq mois de retard dans l'allocation des crédits. Les départements, qui sont les principaux clients du secteur (1), devraient, cette année encore, réduire leurs investissements routiers. Même chose côté villes : « Elles semblent gagnées par la mode qui veut que le bon gestionnaire local est celui qui n'investit pas », déplore un analyste du secteur. La seule note positive provient du secteur autoroutier. Sur les 21,9 milliards d'investissements prévus cette année, 15 % environ iront garnir les carnets de commandes des « poseurs de noir ».
La vague de plans sociaux n'est pas terminée
Sur le front de l'emploi, la baisse de 4,5 % constatée sur les effectifs globaux l'an dernier n'indique qu'une tendance qui n'est pas encore arrivée à son terme. Le recours à l'intérim est devenu exceptionnel et on risque d'atteindre prochainement - 11 %. Toutes les routières ont des plans sociaux en cours. Le principal est celui de Cochery-Bourdin Chaussé (filiale de SGE), bloqué depuis huit mois car, contrairement à Eiffage, qui avait initié le mouvement avant d'être suivi par Jean Lefebvre, et tout récemment par la Screg (filiale de Colas), Cochery n'a pas filialisé ses agences.
(1) La route représente entre deux tiers et trois quarts des investissements des départements.
GRAPHIQUE : LA DESCENTE AUX ENFERS (évolution comparée des chiffres d'affaires et des effectifs)
Légende du GRAPHIQUE : A la fin de 1997, le marché français aura perdu 10 milliards de francs par rapport à 1994.