Les Ricciotti père et fils, Rudy et Romain, architecte et ingénieur, ont signé un "pacte diabolique" (1) dans lequel ils s'engagent à construire une passerelle qui mène au pont du Diable, dans la vallée de l'Hérault. En réalité, ils exécutent plutôt un saut de l'ange, mais à l'horizontal, avec leur ouvrage d'art de 67,50 mètres de long qui porte le doux nom de passerelle des Anges (2). Une passerelle qui joue les anges gardiens d'un site classé en canalisant l'accès piéton et repoussant l'accès motorisé. Voilà pour la fonction. Pour la forme, Rudy Ricciotti applique sa devise - "ne mettre de la matière que là où elle est nécessaire" - et imagine une structure squelettique composée de "vertèbres" et traversée par une "moelle épinière". Dans le détail, il s'agit d'un léger arc dont les quinze voussoirs en forme de U dessinent les contours du tablier et du parapet. Ces éléments (longueur: 4,60 m; hauteur 1,80 m; poids 11 tonnes) sont réalisés en béton à ultra hautes performances (3) et assemblés par post-tension au dixième de millimètre près. Une prouesse collective à partager entre l'architecte, l'ingénieur et les entreprises; et à livrer au public parfois mi-ange, mi-démon dans ses critiques.
(1) Reproduit dans l'ouvrage "Le pont du Diable", écrit par le poète Julien Blaine, et publié en 2009 aux éditions Al Dante, page 19.
(2) Inauguration le 9 mai 2009, en même temps que le réaménagement des abords du Grand Site touristique "Saint-Guilhem-le-Désert/Gorges de l'Hérault".
(3) Ductal mis au point par Lafarge Ciments.