Dans sa lutte contre les inondations et pour le retour au bon état écologique des cours d'eau, l'Eurométropole de Strasbourg (EMS) entame, cette année, la nouvelle tranche de son schéma directeur assainissement. Cet ensemble de mesures planifiées sur cinq ans à partir de 2022 vise à éviter les débordements des réseaux d'assainissement lors de fortes pluies. La collectivité leur a alloué un budget d'investissement de 120 M€ TTC (dont 30 % de subvention des travaux par l'agence de l'eau Rhin-Meuse). « Il s'agit de redimensionner notre réseau, historiquement conçu pour résister à une crue décennale, vers la prévention d'une crue de vingt ans. Dans ce but, nous actionnons deux leviers : la construction de nouvelles conduites pour renforcer l'infrastructure et celle de bassins enterrés », décrit Thierry Schaal, vice-président de l'EMS à l'eau-assainissement.
Huit bassins d'orage vont ainsi entrer en chantier cette année (consultations d'entreprises lancées ou à encore à venir), représentant une capacité cumulée de 18 400 m3 (850 à 5 500 m3 unitaires). Six autres de ces ouvrages resteront à créer d'ici 2027 pour boucler le programme prévu de 20 bassins de rétention-stockage. Ceux déjà achevés totalisent une capacité de 18 000 m3 , dont 7 400 m3 pour le plus important du schéma, qui a été livré l'an dernier à Vendenheim (16 m de hauteur et 27 m de diamètre) par le groupement d'entreprises Eiffage Génie Civil, Soletanche Bachy, Speyser, Lingenheld, Techfina, Arcade Studio et Rott TP (maîtrise d'œuvre Artelia) pour un montant de 11 M€. Quant à l'extension du réseau, elle va également se poursuivre cette année. Elle a déjà occasionné la pose de 17,7 km, soit un peu moins de la moitié des 40 km prévus en tout.
Prévenir les coulées d'eaux boueuses. Un autre volet des actions de prévention de l'Eurométropole concerne les coulées d'eaux boueuses (CEB). « Le secteur de 14 communes à l'ouest de notre territoire y est particulièrement exposé, par l'effet combiné de la présence de loess - une formation géologique du sol sensible à l'érosion - de la pente des collines, de l'intensification des phénomènes pluvio-orageux et des conséquences des extensions urbaines à proximité des parcelles à risque », décrit Bénédicte Petitjean, chargée du projet de lutte contre les CEB à l'EMS. Outre le travail avec le monde agricole, l'Eurométropole entend agir sur les parties urbanisées, en actionnant le levier juridique : la modification 4 du plan local d'urbanisme, prévue pour entrer en vigueur dans les prochains mois, introduira un dispositif réglementaire de prévention des CEB.
La modélisation des écoulements prévisibles opérée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a permis à l'Eurométropole de définir trois types de zones correspondant à des degrés divers de contraintes et de restrictions d'aménagement et de construction. Les plus élevées - interdiction de changement de destination des bâtiments ou de constructions en sous-sol par exemple - se concentrent dans la zone classée aux risques les plus élevés. Celle-ci représente à elle seule 67 % des 29,4 ha cartographiés dans les 14 communes.