Trois phénomènes très coûteux à combattre bloquent les projets au sud de la baie : la falaise d’Ault s’effrite, Cayeux risque de devenir une île ou d’être inondée et l’estuaire s’ensable. La priorité donnée à la gestion du trait de côte fait consensus. Mais comment ? La question n’est pas tranchée. Avec le réchauffement climatique, faut-il investir pour stopper ces phénomènes ? Est-ce possible ? La prolongation de la digue de Cayeux est évaluée à 35 millions. Si l’Etat s’est désengagé et si le conseil régional refuse de payer, les communes ne peuvent y consacrer toutes leurs ressources.
Rompant avec des siècles de politique de remblai pour gagner des terres cultivables et créer des infrastructures, la tendance s’inverse : la terre va être rendue à la mer. La région refuse toute aide avant un accord sur un « recul maîtrisé » à Ault. Pour Cayeux, elle imagine un outil foncier afin d’acquérir des terrains et réaliser des aménagements provisoires.
Une chasse d’eau naturelle
Tendance douce, le conseil général est maître d’ouvrage d’une première « repoldérisation » sur le site classé du Hourdel qu’il a confié à Sogreah (5 millions). Ce bureau d’études analyse sur maquette les flux de la baie depuis quinze ans. Il compte laisser pénétrer la marée dans une brèche de 30 m de large, sur une zone de vingt hectares. En redescendant, la mer évacuera les sédiments et les mollières obstruant la baie. « La chasse d’eau naturelle est plus efficace qu’un ouvrage pour expédier le sable vers le large, sans détériorer les berges », expose Sébastien Ledoux chez Sogreah. L’enjeu ? Maintenir l’accès aux ports de pêche et de plaisance du Hourdel, de Saint-Valery et du Crotoy. En même temps, les 2 millions de m3 de matériaux récupérés iront combler les carrières en fin de vie et l’autre côté de la pointe du Hourdel. Ainsi pourra être aménagé un parc de stationnement arboré, éloigné de la plage, pour remplacer le parking sauvage.
Par ailleurs, le syndicat mixte teste des programmes modestes destinés à accélérer les courants vers le large, à rétablir la biodiversité, en rouvrant des rus comme le Dien, une opération de 53 000 euros. Au nord de la baie, une quinzaine de rus pourront subir un traitement similaire. L’aménagement de gués, l’arasement des remblais vont dans le même sens. Au Crotoy, une étude est en cours visant le rehaussement de l’estran par un apport de matériaux empruntés dans le marais voisin. Pour garder son aspect naturel, la digue Noiret doit être consolidée en haut par des moellons et revêtue en gabions et matelas Reno en bas.
