Enfin une démarche politique et technique qui fait l'unanimité. Après les cahots de la RT 2012, l'expérimentation de la future réglementation "Energie positive et réduction carbone" pour les bâtiments et du label associé E+C-, satisfait à la fois le secteur de la construction et l'Etat.
Justement parce que c'est une expérimentation et un travail collaboratif. "J'aurais pu imposer une réglementation et vous seriez alors venus vous plaindre dans mon bureau", a grincé la ministre du Logement Emmanuelle Cosse qui remettait mercredi 15 mars les premiers labels à des opérations E+C-. "Vous auriez eu peut-être des mots peu flatteurs à mon égard. J'aurais pu. Nous sommes tous capable de jouer ces rôles. Pour éviter l'obligation par la loi et éviter les blocages j'ai donc voulu cette expérimentation."
Une démarche qui plaît donc au secteur de la construction qui voit son rôle valorisé, notamment via le Conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique qui pilote l'expérimentation. "C'est une reconnaissance pour le CSCEE", a admis le président de la FFB Jacques Chanut, membre du bureau du Conseil. "Tous ses membres adhèrent à la démarche." Mais, prévient-il, "elle ne sera une réussite que si les coûts et les techniques sont maîtrisés, et que l'expérimentation s'accompagne d'une montée en compétence des professionnels."
Maîtriser les techniques et les coûts
Pour les coûts ce n'est pas encore tout à fait ça, nous y reviendrons. Mais pour les techniques et l'implication de la filière, les choses paraissent bien engagées. "Cette expérimentation est positive parce qu'elle ne crée pas de rupture technologique qui aurait mis nos entreprises dans la difficulté", a ainsi expliqué Laurent Grall l'ancien président d’EGF.BTP (entreprises générales du BTP). Qui reconnaît que les entreprises générales ont tout intérêt à se lancer dans la démarche : "nous sommes les mieux placés pour assurer la maîtrise globale du cycle de vie du bâtiment". EGF.BTP a d'ailleurs signé une convention d'engagement par laquelle elle s’engage à "mobiliser ses adhérents" pour l'expérimentation, "à partager leur expertise et leur expérience" et à "contribuer au rayonnement de cette innovation française à l’international".

Des techniques d'ores et déjà maîtrisées qui ont donc permis à 7 opérations de se voir décerner officiellement le label E+C- (voir Focus). Ces opérations représentent un formidable produit d'appel pour les promoteurs et les bailleurs sociaux. "Le mouvement HLM a décidé de relever le défi E+C-", a ainsi témoigné le président de l'Union sociale pour l'habitat, Jean-Louis Dumont, venu signer avec l'Etat et la Caisse des dépôts une convention d’accompagnement financier de 20 millions d’euros. Ce soutien financier permettra de construire près de 6 000 logements sociaux répondant aux ambitions du référentiel E+C-. Et le président de l'USH de rappeler au passage : "Si on veut un logement de qualité à un prix abordable et durable, il faut que la capacité d'investissement soit préservée."
D'autant que si les techniques sont maîtrisées, les coûts eux ne le sont pas encore tout à fait. La plupart des promoteurs venus recevoir leur label ont ainsi témoigné d'un surcoût pouvant aller de 10 à 27 %.