Implantée en surplomb d’une prairie de 10?ha cernée de bocage, cette habitation détourne l’archétype architectural normand au profit d’interactions avec le paysage déroulé à ses pieds. Dédoublée pour fabriquer de l’épaisseur, la longère est fendue par trois serres. Ces lieux intermédiaires sont le théâtre d’une relation privilégiée et permanente avec l’environnement quel que soit le climat. Participant à la compacité de la construction, ils sont également les rotules de la composition et du confort d’usage des intérieurs. Les serres offrent aux pièces attenantes des vues et des orientations supplémentaires. Parfois, elles provoquent de nouveaux usages?: conçu pour abriter deux chambres, l’un des espaces contigus est aujourd’hui utilisé comme second salon. Une adaptabilité favorisée par le système structurel mis en œuvre, non prégnant sur la composition intérieure. Une ossature bois traditionnelle est complétée par des panneaux de bois, à la fois dispositif de contreventement et fond de coffrage perdu pour le béton de chanvre projeté.
Serres
Structure et enveloppe sont intimement liées et concourent à l’attrait esthétique de la réalisation?; les murs de bois alternent avec ceux de béton, selon que celui-ci est projeté depuis l’intérieur ou depuis l’extérieur. Matériau de remplissage très efficace acoustiquement, le béton de chanvre assure également l’isolation de façon répartie et la régulation hygrométrique des lieux par l’absorption de l’humidité. Il intègre ainsi le dispositif environnemental passif mis en place autour des serres, véritables plus-values spatiales transformées en atout énergétique. L’hiver, l’air extérieur préchauffé par le puits canadien entre dans les serres qui le transmettent à température optimale dans les intérieurs par des petites grilles tandis qu’à l’inverse l’air est refroidi en été.
Tous les bâtiments nominés au prix d’architecture de la Première œuvre 2013 sont à retrouver dans la revue AMC « Une année d’architecture en France », datée de décembre 2013/janvier 2014 (pp. 111-129).