Un renouvellement de canalisation sans terrassement, ou presque. Le chantier qui s'achève au cœur de Strasbourg (Bas-Rhin) pour remplacer des conduites d'eau potable réussit à réduire les nuisances sonores comme la pollution liée à la circulation d'engins. En hypercentre, sur un tronçon long d'environ 250 m s'inscrivant dans un tracé de plusieurs kilomètres entre un puits de captage et un réservoir de stockage, les opérations ont été pensées pour limiter l'emprise des travaux à quelques mètres de largeur seulement. Cette prouesse accomplie par Sogea Environnement a reposé sur deux solutions : un tubage et un gainage qui conservent l'ancienne canalisation en fonte grise datant de la fin du XIXe siècle.
La première technique, appliquée sur 130 m linéaires, a consisté à insérer une nouvelle conduite en polyéthylène haute densité (PEHD) à l'intérieur de l'historique. Celle-ci devenait alors l'enveloppe protectrice, « comme un fourreau », selon les mots de Nathalie Orrière, pilote d'opération au département. Introduite à partir de l'une ou l'autre des deux fosses d'environ 2 m de profondeur aménagées aux extrémités de la zone de tubage, chaque section est guidée par un treuil jusqu'à atteindre son emplacement final.
Les éléments en PEHD ont au préalable été liaisonnés à l'aide de manchons électrosoudés entre eux, pour ne former qu'une seule conduite indépendante de l'ancienne. Ce mode opératoire se traduit par une réduction du diamètre disponible pour la circulation de l'eau, le nouveau tuyau d'un diamètre extérieur de 560 mm (pour 480 mm intérieurs) passant dans l'ancien de 600 mm intérieurs. Une telle diminution ne pose pas de problème, car les études de la métropole avaient auparavant démontré que le rétrécissement serait compensé par l'amélioration de l'écoulement. « La nouvelle conduite a été calibrée pour rester sans impact, à débit égal. Des essais de pression ont également été menés avec un protocole adapté aux matériaux de la conduite afin de s'assurer de la bonne mise en œuvre », expose Philippe Lambert, directeur d'activité Alsace de Sogea Environnement.
Conduite inclinée. Un peu plus loin, la conduite d'origine passe sous le lit de l'Ill, la rivière qui coule au centre de Strasbourg. La canalisation y fait six coudes au total, dont deux avec une inclinaison significative de 45 °, et descend jusqu'à environ 6 m de profondeur, avant de remonter à la surface sur l'autre rive. L'hypothèse d'une ouverture de tranchée ici, déjà très compliquée, était accentuée par la circulation permanente des bateaux-mouches.
A la place, les équipes ont dès lors opté pour un gainage. L'opération consiste à tracter dans la canalisation en fonte une gaine de polyéthylène enrobée de kevlar. Si là aussi un treuil guide la gaine, sa forme initiale dessine d'abord un « U » lors du déroulage, puis l'injection d'air comprimé à une pression d'un bar lui fait prendre une forme circulaire afin d'épouser la géométrie de la canalisation. Cette mise en pression fait également sauter les attaches ayant servi au guidage. Un connecteur en inox assure ensuite la fixation définitive au tuyau en fonte. Ce dispositif, conçu par l'allemand Primus Line, constitue une rareté en France et marque une première à l'échelle de la métropole de Strasbourg, , qui y trouve une opération de référence, ainsi que Sogea Environnement.



Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Eurométropole de Strasbourg (EMS), service aménagements urbains et hydrauliques.
Maîtrise d'œuvre : EMS, service ingénierie urbaine. Entreprise : Sogea Environnement (sous-traitant gainage : Altero TP).
Calendrier : septembre à décembre 2024.
Coût d'opération : 750 000 € TTC.