Plus qu’une vitrine architecturale, le terminal de l’aéroport Chhatrapati Shivaji de Bombay, mégapole de vingt millions d’habitants et capitale économique de l’Inde, entend être une « icône » et la nouvelle porte d’entrée dans le pays pour les étrangers. C’est dire la fierté qu’a pu afficher le Premier ministre, Manmohan Singh, en l’inaugurant en début d’année. Mis en service le 12 février, le bâtiment reproduit à l’infini les arabesques des plumes du paon, animal emblème du pays.
Il est sorti de terre au beau milieu d’un ancien terminal et des passerelles d’accès aux avions, lesquelles dessinent un plan en « X ». « Le chantier a duré six ans et jamais l’activité de l’aéroport n’a été interrompue. Les travaux ont nécessité des expropriations et démolitions délicates. Tout a été très complexe en termes de logistique », explique Debojyoti Chatterjee, porte-parole de Larsen & Toubro, leader indien du BTP qui a obtenu le marché de travaux.
Déplacements horizontaux réduits
Chiffré à 650 millions d’euros, le terminal est l’un des plus gros contrats de partenariat public-privé locaux mis en œuvre dans le cadre de la privatisation des aéroports, après celui de Bangalore. Le conglomérat qui s’est vu attribuer le contrat en mai 2006 pour une durée de trente ans est GVK, un groupe présent dans les travaux publics, les transports, l’énergie et la santé. Le projet avait comme enjeu de réduire au maximum les parcours horizontaux des voyageurs. Ses concepteurs, les architectes du cabinet américain SOM, ont pour cela imaginé un toit couvrant 68 800 m et flottant, telle une canopée, au-dessus d’un espace aussi peu entravé d’obstacles que possible. La charpente métallique, constituée de deux énormes poutres treillis, repose sur trente colonnes ayant la particularité d’être articulées en tête, de façon à assurer la souplesse de l’ensemble, lorsque les vents et les pluies de la mousson viendront frapper durant l’été. A l’intérieur, les portées entre colonnes atteignent 64 m, ce qui donne une impression de volume exceptionnelle et facilite les aménagements. « Pour la première fois en Inde, souligne ainsi le patron de GVK, Gunapati Venkata Krishna Reddy, les comptoirs d’enregistrement, au nombre de 188, sont situés en amont du contrôle des bagages à main et de la douane, grâce à ces immenses espaces libres. »
Une paroi de verre record
Eléments forts du bâtiment, les colonnes aux allures de champignons blancs sont habillées de plaques préfabriquées en béton armé de fibres de verre. Leur revêtement dessine dans toutes les directions le fameux « œil » de la plume de paon, tout comme les hublots qui percent le toit pour permettre à la lumière du jour de pénétrer largement, au travers de lentilles colorées. Toujours par souci de transparence, le terminal a été enveloppé sur toute sa circonférence d’un mur-rideau en verre agrafé qui atteint par endroits une hauteur de 15 m et bat, avec un linéaire de près de 900 m, « le record du monde de longueur dans sa catégorie », affirme le cabinet SOM. Cette paroi autorise les passagers à voir jusqu’au bout leurs proches demeurés à l’extérieur du bâtiment. Enfin, bien qu’anecdotique, la présence d’un musée mural à l’intérieur de l’aérogare mérite d’être saluée : sur 3,2 km de long s’alignent des œuvres d’art contant l’histoire multimillénaire de l’Inde.