Son parcours est celui d'un curieux. « J'ai fait sciences po, justifie Vincent Jacques le Seigneur, un cycle pour des gens qui n'ont pas choisi leur spécialité. » Curieux, mais pas dispersé. Il y a une rigueur mécanique dans l'enchaînement de ses métiers : journaliste politique puis environnement, auteur de deux livres sur l'écologie politique, chargé des relations avec les élus puis de la communication au cabinet de Dominique Voynet, ministre de l'Environnement. Et aujourd'hui directeur de l'Ifen, l'organisme qui gère les données nationales relatives à l'environnement.
A 42 ans, après trois années passées avenue de Ségur à assurer la charge « monastique » de conseiller, il souhaitait recharger ses batteries et ses centres d'intérêt. Que va faire un écologiste chez les spécialistes de la statistique ? « En environnement, je suis convaincu que le traitement de l'information sera le nerf de la guerre. »
L'annonce de son arrivée a suscité un certain émoi dans les locaux d'Orléans. « Je n'ai pas l'intention de remettre en question la production de la statistique et sa neutralité vis-à-vis des pouvoirs publics ; il faut au contraire conforter cet aspect. L'Ifen a un rôle essentiel de collecte et d'organisation des données. De leur qualité dépend la qualité des politiques publiques. »
Il a aussi conçu le projet d'un partenariat avec des chercheurs de l'Ecole des hautes études en sciences sociales ou des centres d'études de la consommation (Credoc) pour « travailler le champ des perceptions et analyser la distance entre la mesure environnementale et le sentiment des populations ». La mise en commun du travail des statisticiens et des spécialistes de sciences humaines pourrait déboucher sur la rédaction d'un code déontologique des sondeurs.
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Vincent Jacques Le Seigneur : « En environnement, je suis convaincu que le traitement de l'information sera le nerf de la guerre. »