Réunis à Paris du 23 au 25 septembre pour le Congrès HLM, leur rendez-vous annuel depuis l’après-guerre, les 381 organismes HLM de France prévoient en 2025 d’obtenir 100 000 agréments HLM (qui devront déboucher sur des mises en chantier) et d’engager 125 000 rénovations thermiques au sein d’un patrimoine de 4,8 millions de logements.
Et ce, « malgré des capacités financières réduites par la Réduction de loyer de solidarité (RLS) imposée depuis 2018 pour compenser la baisse des Aides personnelles au logement (APL), ainsi que par la hausse du taux de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur une large part des constructions neuves », a rappelé l’Union sociale pour l’habitat (USH), le 17 septembre, en amont de l’événement qu’elle organise.
Autofinancement et trésorerie
La confédération regroupe cinq familles aux histoires et intérêts divergents : les Associations régionales d’organismes d’habitat social, les Entreprises sociales pour l’habitat très investies dans le développement du logement locatif intermédiaire (LLI), les Offices publics de l’habitat liées aux collectivités, la branche sociale du réseau Procivis qui cumule les savoir-faire d’aménageur, promoteur ou encore constructeur de maisons individuelles, et enfin les Sociétés coopératives d’HLM spécialisées dans l’accession sociale.
Une bataille judiciaire est même en cours entre le groupe Action Logement, dont les ESH gèrent plus de 1,1 millions de logements sociaux et intermédiaires, et la fédération des OPH, au sujet du partage de la Participation de l’employeur à l’effort de construction (Peec). Une manne précieuse en période de disette budgétaire.
Mais, comme l’an dernier, l’USH s’affiche soudée face à un gouvernement en cours de formation, et donc sans ministre du Logement.
« J’ai écouté avec attention le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, parler de rupture lors de la passation de pouvoir, a déclaré sa présidente Emmanuelle Cosse dans de son discours d’ouverture. Cette rupture doit passer par la fin du désintérêt pour notre secteur et cela doit se traduire dans la prochaine loi de finances. »
Face à un bon millier de congressistes majoritairement opposés à la RLS qui grèvera les recettes des bailleurs sociaux de 1,1Md€ en 2025, l’ancienne ministre du Logement poursuit : « Cette rupture pourrait s’incarner par le retrait de la RLS qui n’a servi à rien d’autre qu’à affaiblir notre capacité à faire (…) Cette ponction inique et délétère sur nos ressources pèse lourd et poursuit son sinistre travail de sape. L’autofinancement des organismes est en baisse de 31 %, les trésoreries de 7%. Les plus de 10 milliards qui ont été prélevés au secteur pour alimenter le budget de l’Etat entravent aujourd’hui nos capacités d’investissement. »
Engagements mutuels
La rupture souhaitée par le successeur de François Bayrou pourrait aussi « se traduire par des engagements mutuels avec l’Etat par le biais du Fonds national des aides à la pierre », un dispositif menacé de disparition. « Elle doit enfin s’exprimer dans le financement de l’Anru [Agence nationale pour la rénovation urbaine, NDLR] : l’Etat doit tenir ses engagements financiers et apporter, enfin, ce qu’il doit pour permettre au programme de rénovation urbaine de se poursuivre et relancer un nouveau programme. »
Alertant depuis plusieurs années sur le désengagement financer de l’Etat, Emmanuelle Cosse a trouvé ses alliés : « Aussi bien notre banquier de référence, la Caisse des Dépôts, que notre gendarme, l’Ancols, font le constat d’une capacité à faire qui va aller en se détériorant ces prochaines années. »
Le Congrès HLM attire les organismes de l’Hexagone et d’Outre-mer, notamment les deux bailleurs mahorais en première ligne de la reconstruction de l’archipel qui se relève lentement du cyclone Chido de décembre 2024.
Sont également présents : les promoteurs, dont les logements neufs sont achetés en bloc par les bailleurs, les entreprises de bâtiment, qui voient le marché résidentiel décroître sur fond d’une crise de la demande persistante, les acteurs énergétiques, à l’image de GRDF qui prévoit de signer 26 partenariats avec les exploitants du parc HLM, ou encore les agences d’architecture et les bureaux d’études qui accompagnent ces derniers sur le confort d’été ou encore l’adaptation de leur patrimoine au changement climatique et au vieillissement.
Sans oublier les collectivités qui délivrent les permis et, pour certaines, lancent des plans de relance de la construction neuve, au profit du logement social notamment.