0 of 5
Depuis sa création, il y a 10 ans, Terra botanica ne s’est jamais aussi bien porté. Le pari de créer à Angers, au cœur de l’Anjou, un parc dédié au végétal était pourtant loin d’être gagné. A la fois parc d’attraction et espace pédagogique, Terra botanica a connu des débuts difficiles. « Les quatre premières années, le parc a eu du mal à trouver sa place » raconte Clarice Reis, responsable d’exploitation. Ces années où la fréquentation plafonnait à 160 000 visiteurs par an sont loin derrière et le parc, soutenu par le conseil général du Maine-et-Loire et la Ville d’Angers, compte désormais quelque 300 000 visiteurs chaque année (334 000 en 2019). « Non seulement Terra botanica est devenu une locomotive touristique pour la région, pour l’Anjou, mais ce parc a du sens, ce qui est rare dans le secteur » déclare Christian Gillet, président du département et du GIP Terra botanica.
Sept tonnes de bambou
Aujourd’hui, avec ses 18 hectares de jardins, de serres et d’espaces aquatiques, Terra botanica se revendique comme le « premier parc à thème européen ludique et pédagogique sur le végétal ». « Chaque année, nous investissons environ un million d’euros dans les nouveautés » assure Clarice Reis. Pour les 10 ans du parc, cette somme s’élèvera à 1,3 million d’euros avec deux nouveautés majeures : un jardin sans eau et « L’Oasis, » la plus grande structure en bambous d’Europe. D’une hauteur de 8 mètres pour une superficie de 600 m2, cet assemblage unique a nécessité sept tonnes de bambou, essentiellement en provenance de la bambouseraie d’Anduze dans les Cévennes, principal fournisseur français mais également l’un des plus beaux jardins botaniques de France.
On doit cette performance à l’atelier lyonnais Déambulons, spécialisé dans le design d’espaces et la création de structures monumentales sur-mesure en bambou. « Nous ne travaillons pas la canne de bambou brute, mais en lamelle ce qui donne à ce matériau un aspect plus contemporain et révèle son potentiel architectural » explique Jean-Baptiste Dubois, fondateur de l’atelier. Grâce à cette technique, Déambulons se fera rapidement connaître dans l’univers du design. En 2016, ces « cocons » seront d’ailleurs récompensés par le Janus de l’Institut français du design.
Modélisation 3D
« Nous avons fait appel à Démambulons car, en 2017, ils avaient déjà réalisé pour nous la couverture d’une passerelle en maillage de bambou. Nous voulions retrouver ce matériau pour végétaliser une place très minérale à l’entrée tout en provoquant un effet whaou » explique Clarice Reis. Le résultat est à la hauteur des espérances. La canopée de 600 m2 est devenue le passage obligé de tous visiteurs. Elle est portée par neuf poteaux dissimulant une discrète structure en métal chapeautée d’une voile d’ombrage. Trois poteaux centraux hébergent une végétation luxuriante composée par la pépinière Ripaud, en Vendée. Quant aux six poteaux extérieurs, ils peuvent servir de cabanes pour les enfants ou de lieu de refuge pour les visiteurs. Véritable œuvre de Land-art, par beau temps, les ombres projetées au sol viennent compléter cet immense tressage réalisé avec plus de 1300 cannes de bambou, soit une longueur totale 20 km. L’ouvrage a d’abord été modélisé en 3D sur Rhinoceros afin de mieux appréhender le rendu final (densité uniforme) et de la solidité de la structure. Sur une dalle en béton réalisée préalablement, après que les bambous aient été découpés en lamelle dans l’atelier lyonnais, Déambulons a assuré la mise en œuvre de l’ouvrage à l’aide de son réseau de poseurs, dont plusieurs ont été formés à l’école d’osiériculture et de vannerie de Fayl-Billot en Haute-Marne. « Chaque lamelle est numérotée et correspondait à un ordre de montage précis par une équipe de 16 personnes sur le chantier » explique Jean-Baptiste Dubois. Au total, quelque 3 600 heures auront été nécessaires pour transformer en œuvre d’art quelque sept tonnes de bambous. Pour une plus grande durabilité les lamelles de bambou ont été traitées à l’oléothermie. Enfin, la réalisation a été soignée jusque dans les détails avec, par exemple, de discrètes fixations boulonnées jusqu’à hauteur d’hommes, puis un rivetage classique pour la partie supérieure et moins visible.
L’Oasis aura coûté 400 000 euros HT au total, dont 210 000 euros HT pour la seule structure. Pour l’atelier Déambulons, qui milite pour la création d’une vraie filière bambou en France, cette œuvre est incontestablement une formidable carte de visite. « Nous travaillons de plus en plus avec les architectes et ce projet est l’illustration du formidable potentiel créatif du bambou » assure Jean-Baptiste qui a participé à la récente exposition Fibra Architectures au Pavillon de l’Arsenal à Paris.