ATC au sein de la principale agence des Négociants Réunis, Paul Amiette a le cœur festif. Guirlandes, sapin, étrennes…, l’ambiance de fin d’année lui donne envie d’échanger autour d’un bon plat avec son vieux collègue.
- Yves, on déjeune ensemble ce midi ?
- Non… J’ai déjà prévu quelque chose…
Yves Novack tourne les talons et quitte le plateau des commerciaux sans ajouter un mot. Déçu et désemparé, Paul Amiette reste planté là, tout penaud. Le voyant ainsi, Frédéric Chareton, en vrai chef d’agence qui a un œil sur tout, s’approche :
- Ça va ?
- Oui, oui, pas de problèmes.
- Ça n’a pas l’air pourtant…
- Eh bien, j’avoue que ces temps-ci, j’ai du mal à comprendre l’attitude d’Yves. Depuis quelque temps, j’ai l’impression qu’il me fuit… Il évite tout le monde, d’ailleurs. Impossible de déjeuner avec lui ou même de prendre un simple café… Il est devenu inaccessible, une vraie anguille.
- Pourtant, vous êtes bien copains tous les deux ?
- Plus que cela même… Plus d’une fois, je l’ai aidé sur des dossiers difficiles. Et voilà comment il me remercie.
- Tu n’es pas au courant de ses problèmes.
- Quels problèmes ?
- Yves traverse une mauvaise passe… Tout d’abord sa promotion ratée. Il espérait obtenir le poste de chef d’agence laissé vacant par Barbier, mais Serge Boutemy a changé d’avis au dernier moment… Il a eu du mal à accepter que le directeur commercial lui préfère quelqu’un de l’extérieur. Du coup, il a le sentiment d’être piégé ici… Là-dessus, sa femme a commencé à se plaindre de son indisponibilité permanente. Elle lui reproche de rentrer tard tous les soirs et de ramener du travail le week-end. Bref, cela ne va pas fort dans son couple.
Amiette cache mal sa surprise :
- Ah, bon ? Mais je ne savais pas tout ça, moi…
- Il ne t’a pas fait de confidences… Blessé dans son amour propre, il a pensé qu’il n’avait aucune raison de faire part de ses problèmes aux autres collaborateurs de l’agence. J’ai moi-même essayé de l’aider en le mettant sur de gros chantiers, histoire qu’il ait des choses un peu excitantes à se mettre sous la dent, mais rien n’y fait. Il s’est replié sur lui-même. Une mauvaise passe !
- N’empêche, moi qui croyais que nous étions intimes ! Je suis déçu. Les services que j’ai pu lui rendre sont nombreux et je n’apprécie pas son manque de confiance vis-à-vis de moi. On a tous nos problèmes, et je n’accepte pas qu’il me traite de la sorte. Les gens sont tous pareils, on les voit beaucoup quand ils ont besoin de vous et pour le reste… Tous des ingrats !
Agacé, Frédéric Chareton soupire :
- Épargne-moi ta philosophie à deux balles. Mais c’est vrai, je ne pensais pas que Novack pouvait se comporter de la sorte… sans le moindre sens de l’équipe.