La direction du groupe britannique Amec vient d'effectuer un soudain changement de stratégie, annonçant un démantèlement effectif et surtout la mise en vente de Spie, son pôle continental racheté en 1997. Le groupe britannique scinde ses deux autres grands secteurs d'activité: industries pétrole, gaz et process d'un côté et infrastructures britanniques de l'autre.
Le directeur général du groupe, Sir Peter Mason explique n'avoir "pas les ressources pour exploiter pleinement les perspectives de chacun des trois pôles d'activités tout en obtenant la croissance et le rendement souhaité".
Amec anticipe une plus-value par rapport à la valeur comptable de Spie, dont il avait initié le rachat en 1997, rachat complété en 2003.
La cession pourrait ainsi rapporter entre 511 et 730 millions d'euros, d'autant que plusieurs acheteurs potentiels ont déjà approché Amec. La vente englobe toutes les activités de travaux électriques et mécaniques dans le secteur des services multi-techniques et du rail, ainsi que les activités pétrole et gaz en Europe continentale, les activités de communications et de nucléaire en France. C'est donc l'ensemble Amec Spie qui est cédé, comprenant les deux sociétés Amec Spie SA et Amec Spie Rail. Les revenus de la cession viendront renforcer le bilan du groupe restant, mais un surplus en cash sera reversé aux actionnaires.
Par ailleurs, le groupe se retirera complètement de certains marchés: la construction routière au Royaume-Uni et le construction management (AMO) sur le marché américain. Un retrait chiffré à 102 millions d'euros en 2005. Vente et démantèlement - dont le détail est encore à l'étude - sont prévus pour le printemps 2006. Il semble probable qu'Amec émergera de cette refonte en spécialiste très performant du secteur de l'énergie.
Avec Cegelec, c'est un deuxième groupe multi-technique qui est sur le marché. Amec Spie SA réalise un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros dont 68% en France à travers 5 agences régionales. Le groupe emploie 22 600 personnes sur 400 implantations. L'essentiel de son activité (67%) est réalisé dans les services régionaux multi-techniques, dans les métiers du génie électrique, mécaniques et climatiques, de l'énergie et des réseaux de communications.
Le groupe a bien changé depuis 1997. Il a cédé sa filiale de construction, Spie Batignolles, et est devenue une entreprise européenne avec près de 30% du chiffre d'affaires réalisé hors de France. Amec Spie Rail est de son côté l’une des premières sociétés européennes en infrastructures et systèmes ferroviaires avec plus de 700 millions d'euros de chiffre d’affaires.
Et cerise sur le gâteau, l'ensemble Amec Spie est profitable puisqu'il a réalisé en 2004, un résultat avant impôts de 115 millions d'euros.
Nos grands groupes de BTP français ont maintenant du pain sur la planche. Après les autoroutes, Cegelec, c'est un nouveau joyau du monde du BTP qui est sur le marché. Pourront-ils suivre ?
Maxime Bitter (avec Jacqueline MacLaurin, correspondante du Moniteur à Londres)