Mot magique très tendance, l’appellation « béton ciré » recouvre plusieurs produits qui n’ont souvent rien à voir avec les caractéristiques mécaniques du béton. « Les consommateurs veulent bénéficier de l’aspect béton ciré, mais le véritable béton ciré est un béton qui a vécu et s’est usé naturellement », observe Barnabé Wayser, président de Guard Industrie (fabricant d’une gamme de lasure colorée d’imprégnation pour sols intérieurs). Alors que seuls les professionnels du gros œuvre peuvent couler un béton, le second œuvre a recours à des produits plus fins et beaucoup plus pratiques à appliquer pour répondre à la demande de décoration intérieure. « Pour des raisons de poids et de hauteur suffisante dans le cadre des chantiers de rénovation, il est impossible de couler un véritable béton, c’est pourquoi les applicateurs mettent en œuvre des mortiers à base de ciment », indique André Vidal, responsable formation chez Marius Aurenti, fabricant de produits décoratifs. « Mais attention, prévient le formateur, le ciment étant une matière hydraulique, lors de l’incorporation de l’eau, une partie de l’eau s’évapore et libère du vide, que la matière cherche à combler en se rétractant. Il faut donc prévoir des joints de fractionnements. » Avant de couler un mortier autolissant, il faut créer des joints périphériques autour de la pièce afin de prévenir des mouvements de dilatation. Autre source de désordre, le mortier étant peu microporeux, dans les rez-de-chaussée de bâtiments anciens, sans cave ni vide sanitaire, si l’eau s’infiltre, elle peut provoquer des décollements de la matière. Dans tous les cas, le support de la surface doit être suffisamment cohésif pour accueillir la matière. Le mortier fin lissé appliqué à la spatule en fine épaisseur doit être mis en œuvre sur un support parfaitement rigide et régulier. Dans le cas contraire, si une couche épaisse se forme pour combler une irrégularité, la matière risque de se fissurer. Enfin, en cas de pose sur une chape fluide anhydrite ou ciment, la chape doit être poncée afin d’enlever toutes les parties de laitances non adhérentes, garantissant une parfaite cohésion de surface.
Les mortiers talochés ou spatulés s’appliquent indifféremment sur des surfaces horizontales et verticales (plan de travail, paroi de salle de bains) alors que les bétons coulés auto nivelant (ou autolissant) ne s’appliquent qu’en surface horizontale. « Ils se posent à la flamande à l’aide d’une longue spatule », précise Delphine Allemand, responsable technique du centre de formation Vermillon.



