Alors que l’industrie française se meurt lentement, Jean-Marc Domange, président de Kercim, vient d’investir 44 millions dans un centre de broyage ultra-moderne à Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire. Objectif : produire 600 000 tonnes de ciments pour une zone de chalandise de 300 km autour de Saint-Nazaire, soit environ 10% de part de marché.
Pour s’imposer sur ce marché fortement concentré, l’ancien patron de Ciments Calcia et du syndicat de l’industrie cimentière (SFIC) mise sur un concept basé sur l’approvisionnement extérieur en matières premières. « A la différence des cimentiers classiques, nous ne sommes pas dépendants de carrières et notre concept industriel nous permet de choisir la qualité de calcaire, de gypse et de clinker dont nous avons besoin » explique-t-il.
Le 16 avril dernier, Kercim a obtenu la certification CE pour deux de ses ciments, ce qui lui permet de fournir en vrac (2/3 de la production) les producteurs de béton prêt à l’emploi et fabricants de préfabriqués.
Le tiers restant sera commercialisé en sacs à travers trois familles de produits : un premier prix (Ciment gris), un ciment NF (en cours d’obtention) sous la marque Kercim pour le négoce et « Mon ciment facile », une gamme destinée aux GSB qui révolutionne les codes du secteur. « Nous avons mis au point des sacs avec poignée de 35 et 20 kilos, blancs, complètement étanches grâce à une fermeture thermo-soudée et sur lesquels un flash code renvoie l’utilisateur à un mode d’emploi sur internet » détaille Stéphane de l’Hommeau, directeur commercial.
Les cimentiers classiques enragent
Face à cette offensive industrielle et commerciale , les cimentiers classiques enragent. Ils mises aussi sur la qualité de leurs produits et pointent du doigt les risques qui pèsent sur une industrie en sous-production de près de 40%.
En visite à Saint-Nazaire à l’occasion du passage du Train de l’industrie, Pascal Casanova, Directeur général de Lafarge France a insisté sur le modèle vertueux de son entreprise : « Nous avons investi plus de 130 millions d’euros dans le grand ouest ces sept dernières années et projetons d’y investir 65 à 80 millions d’euros dans les 3 à 5 ans à venir. Notre cimenterie de Saint-Pierre-la-Cour en Mayenne emploie 170 personnes et utilise des pneus comme combustible alternatif offrant une solution aux problèmes de déchets locaux. Nous contribuons à l’économie circulaire d’un territoire, c’est une offre complète qu’une station de broyage n’apporte pas ».
De son côté, Holcim, premier cimentier européen (17,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012) mais jusqu’alors peut présent dans l’ouest de la France, affiche de fortes ambitions pour la région. «Historiquement implantés dans le nord et l’est de la France, nous nous adaptons aux évolutions économiques du marché français, expliquait récemment au Moniteur Gérard Letellier, président d’Holcim France. Les marchés traditionnels de la construction sont en baisse et certains secteurs sont plus touchés que d’autres. L’ouest de la France est plus dynamique et sa démographie est positive.» Ainsi, après avoir acquis en 2010 les Ciments de l’Atlantique, sur le terminal d’importation de ciment de Montoir-de-Bretagne, à quelques centaines de mètre de la nouvelle usine Kercim, Holcim a ouvert un centre de broyage de clinker à Grand-Couronne et va inaugurer fin 2013 un autre centre de broyage sur le Port de La Rochelle à destination de la région Grand-Ouest.
La conquête de l’Ouest s’annonce rude.