« Le rapport remis au ministre des Transports nous satisfait. Notre exigence porte désormais sur la rapidité du lancement d’un nouvel appel à concessionnaires, pour le grand contournement ouest de Strasbourg ». Jean-Louis Hoerlé, président de la chambre de commerce et d’industrie d’Alsace, résume ainsi le message d’une conférence de presse inédite dans sa forme : emmenés le 5 décembre par Jean-Luc Heimburger, président de la CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin, huit présidents ou secrétaires généraux d’organisations consulaires et patronales, ainsi que l’automobile club d’Alsace, se sont relayés pour dire leur ras-le-bol des bouchons, dénoncer leur impact économique et exiger la construction des 24 km du chaînon autoroutier manquant, sur l’axe nord sud de l’Alsace à l’ouest de Strasbourg.
Missions cachées des CCI
La visibilité du front uni valide une méthode : « 18 mois après avoir obtenu un rendez-vous avec le ministre des Transports, nous avons remporté une victoire d’étape », se félicite Jean-Louis Hoerlé. Le président y voit une illustration des « missions cachées » des CCI : « Nous nous sommes testés sur le lobbying. Cela fait progresser toute l’Alsace, et son image de performance économique, notamment aux yeux de nos voisins suisses et allemands ».
Les chiffres chocs ne manquent pas, à l’appui des arguments des différentes composantes du lobby patronal pro-GCO : Jean-Luc Heimburger annonce 1 million d’euros perdus chaque jour, en raison de son absence. René Studli, président de la Fédération régionale des TP, chiffre à 10 000 euros par salarié et par an le coût des bouchons strasbourgeois, pour les 7500 travailleurs qu’il représente. La situation va s’aggraver : citant le rapport du CGEDD, Bernard Stalter, président de la chambre de métiers, annonce pour la fin de l’année 2014 une part de 14 % de transit, parmi les véhicules légers utilisant la section urbaine de l’autoroute A 35 à Strasbourg, au lieu de 9 % aujourd’hui.
Cette dégradation à court terme résulterait de la vignette programmée par les autorités allemandes, pour les utilisateurs de l’autoroute parallèle à l’A35, sur la rive droite du Rhin. Une autre menace pèse sur la rive gauche : l’Union européenne appliquerait des pénalités à la France, si la pollution de l’air strasbourgeois se maintenait au-dessus des seuils qu’elle a fixés. La fluidification du trafic urbain et le transfert d’une partie de cette pollution en zone rurale permettraient à Strasbourg de rentrer dans les clous réglementaires, estiment les partisans du GCO.
Principale innovation de la nouvelle approche préconisée par les experts du CGEDD, l’infrastructure autoroutière constituerait l’une des deux composantes d’un projet global. L’autre volet porterait sur la requalification en boulevard de l’actuelle section urbaine de l’A 35. Dans quelle mesure un nouvel appel à concessionnaires pourrait-il inclure les deux volets ? Cette question devrait occuper une place importante, dans les discussions annoncées pour les semaines à venir, entre le préfet du Bas-Rhin et les collectivités concernées.