Un mariage de raison, motivé par la promesse de complémentarité de deux entreprises prescriptrices de solutions innovantes : O2D Environnement et Amter. Pour la première citée, les vingt bougies viennent d’être soufflées ; vingt années durant lesquelles la PME nordiste, qui emploie à date 18 personnes, s’est spécialisée dans la conception et l’installation de sols perméables, plus techniquement appelées dalles alvéolaires TTE. Amter, de son côté, a développé une réelle expertise de décontamination des eaux polluées grâce à Amter.
Explications de Jean-Philippe Buquet, responsable prescription chez O2D Environnement : « Les aménagements publics, comme les parkings, les voieries, les autoroutes, les cours d’écoles, etc., possèdent un revêtement imperméabilisé, qui n’absorbe pas les eaux de pluie. Le résultat, c’est que le ruissellement de l’eau est continu ; une eau qui se pollue sur l’asphalte recouvert d’essence, d’huile de moteur, d’hydrocarbures en tous genres (pour les parkings et les routes), avant de s’infiltrer dans les égouts et de créer d’importants volumes d’eau qui finissent pas échouer dans les stations d’épuration. »
Avec, au passage, une forte contamination des nappes phréatiques aux hydrocarbures. Sans parler des stations d’épuration saturées, ce qui est propice aux débordements d’égouts et aux inondations. C’est là qu’intervient l'entreprise nordiste, grâce à son concept d’infiltration des eaux pluviales à leur point de chute. Une infiltration diffuse dans les sols réduisant drastiquement la charge polluée de l’eau qui s’écoule, sans l’annihiler totalement. L’idée d’un partenariat avec un acteur spécialisé dans la dépollution des sols germe logiquement dans l’esprit des dirigeants de la PME nordiste. Reste à trouver le candidat idéal.
Le lauréat rhodanien
Lyon, 2021. Comme chaque année impaire, le salon Paysalia réunit les grands noms du paysagisme français. Lors de cette édition, une solution se distingue tout particulièrement, au point de décrocher deux prix (Innovation et Coup de cœur des étudiants) : Amter, un géotextile dépolluant « qui retient et biodégrade naturellement et durablement les hydrocarbures » présents sur les enrobés bitumeux.
« La couche supérieure de notre géotextile reproduit les conditions optimales pour créer un biofilm microbien, tandis que la couche du milieu offre un habitat favorable à cette biomasse, avec des bactéries s’y installant durablement et qui filtrent les hydrocarbures en s’en repaissant », éclaire Jean-Marc Lecoq, responsable commercial Amter.
Pour O2D Environnement, le partenaire semble tout trouvé. « Nous ne cherchions pas un grand industriel pour nous associer mais plutôt un acteur de notre dimension avec lequel nous pourrions parler les yeux dans les yeux », se remémore Jean-Philippe Buquet. « Certains oublient qu’un produit doit être dimensionné par rapport à un cahier des charges, il ne fallait pas se précipiter mais plutôt prendre le temps de trouver le partenaire idéal, le mieux dimensionné à nos attentes et à notre propre taille. »
En 2023, l’union est enfin scellée et les projets communs sont lancés. « De notre côté, nous avons été séduits par la proximité de terrain qu’adopte O2D Environnement, avec leurs chargés d’affaires qui se déplacent sur chaque opération livrée », confesse Jean-Marc Lecoq.
Le business de l’eau
Une stratégie qui assure le succès de la PME, avec une croissance en volume (relative aux quantités de systèmes de revêtements perméables vendus) qui s’est établie, en moyenne, de +10 à + 15 % par an depuis 2015. De plus, son chiffre d’affaires a été multiplié par cinq, toujours depuis 2015.
« Nos dalles étant fabriquées à partir de plastique issu de déchets ménagers, nous en avons recyclé 50 000 tonnes qui ont été, par la suite, réutilisées sur plusieurs milliers de chantiers », se félicite Jean-Philippe Buquet. Pour Amter, le débouché commercial des eaux assainies est colossal, avec de grandes marques d’eau minérale qui, via les hydrogéotechniciens travaillant pour eux, sollicitent le responsable commercial. « L’eau reste un business et c’est pour cela que les grands groupes sont intéressés par notre solution, pour des questions de rentabilité », conclut Jean-Marc Lecoq. « C’est presque dommage, car une eau dépolluée représente avant tout un enjeu de santé publique, il ne faudrait pas l’oublier… »