En voie de privatisation, les trois principales sociétés d'autoroutes françaises sont convoitées tant par des acheteurs français qu'étrangers, qui doivent remettre leur offre à l'Etat dans moins de trois semaines.
Après le concessionnaire Abertis, qui s'était déclaré en début de semaine, trois sociétés espagnoles de BTP, Cintra, Itinere et FCC se sont dites intéressées par les autoroutes françaises.
Le deuxième groupe espagnol de BTP et services, Fomento de Construcciones y Contratas (FCC), a indiqué à l'AFP qu'il était "intéressé par les trois autoroutes" et qu'il avait l'intention de se présenter "seul" et non dans le cadre d'un consortium.
Itinere, filiale du groupe de BTP et immobilier Sacyr Vallehermoso, s'est également penché sur le dossier et n'a pas encore fait son choix, de même que Cintra, filiale du groupe espagnol de services et BTP Ferrovial.
L'italien Autostrade est aussi sur les rangs, selon la presse italienne.
Le retrait du groupe Bouygues fin juillet a redistribué les cartes, brisant d'une certaine manière le "Yalta", conclu entre les entreprises de BTP françaises pour se répartir le gâteau des concessionnaires, selon des sources concordantes.
Ce retrait a du coup crée un appel d'air en faveur de groupes étrangers, voire de fonds d'investissement, ont expliqué ces sources, même si les français Eiffage et Vinci sont toujours dans la course.
Mais en dépit de son envergure, Eiffage pourra difficilement présenter seul une offre et pourrait ainsi s'associer au fonds d'investissement australien Macquarie, selon ces mêmes sources.
Le groupe de BTP serait en discussion avec les Autoroutes Paris Rhin Rhône (APRR), dont il a pris 4%, mais aussi avec la Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (Sanef).
APRR n'a pas commenté "ces rumeurs", mais La Tribune croit savoir qu'il ne voudrait pas d'Eiffage et chercherait une offre alternative.
D'après la procédure établie par Bercy, les candidats peuvent de toute façon cibler plusieurs sociétés, en indiquant un ordre de priorité.
Vinci, lui, est resté silencieux depuis le lancement de l'appel à candidatures par le gouvernement le 18 juillet dernier. Reste que le groupe d'Antoine Zacharias a toujours montré un vif intérêt pour le premier concessionnaire français, Autoroutes du Sud de la France (ASF), dont il détient 23%.
Ces offres des industriels pourraient être appuyées par des investisseurs institutionnels français. Ainsi, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) a indiqué à l'AFP avoir été "sollicitée" pour entrer dans des consortiums et a dit "étudier" le dossier.
De même, Predica, filiale d'assurance vie du Crédit Agricole, a évoqué un projet "en cours", sans plus de détails.
Certains observateurs soulignent que la logique des entreprises et celles de fonds n'est pas la même: ces derniers seraient en effet tentés de retirer les concessionnaires de la Bourse.
La Sanef et APRR sont cotées depuis seulement quelques mois.
Les spéculations sur les repreneurs potentiels risquent de se multiplier au minimum jusqu'au 22 août, date de remise de dépôt des offres. A partir de cette date, l'Etat fera sa sélection et demandera aux candidats de formuler des offres fermes.
Les trois semaines à venir vont également permettre de régler quelques détails, en particulier sur la modification des contrats de concessions prévue avant la privatisation.