Gilles Perraudin : « La filière sèche doit être artisanale »

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Le développement de la filière sèche rime-t-il avec le développement de la préfabrication industrielle ? Si c’est l’avis de nombreux acteurs de la construction, ce n’est pas celui de Gilles Perraudin. L’architecte, dont la pierre est le matériau de prédilection, défend une filière sèche artisanale. Essentiellement pour des raisons environnementales.

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L'architecte Gilles Perraudin

Pas du tout, bien au contraire. Si je suis pour une préfabrication conduisant à des filières sèches, c'est à la seule condition que cette préfabrication soit artisanale car ma préoccupation première est environnementale. Or une filière industrialisée ne peut être respectueuse de l’environnement. Tout procédé industriel suppose une consommation excessive d’énergie et de ressources. Le développement industriel ne peut pas être durable. Il faut utiliser au maximum des matériaux naturels non transformés, autrement dit déjà « préfabriqués » par la nature. Comme la pierre, une ressource inépuisable et qui ne coûte rien énergétiquement. Ou le bois massif. Les panneaux préfabriqués de bois reconstitués utilisent beaucoup de colles. Les matériaux comme l’aluminium et l’acier, certes légers à transporter après fabrication, ont un bilan carbone très lourd du fait des procédés d’extraction et de transformation. Ils devraient être utilisés avec bien plus de parcimonie. Le béton préfabriqué, matériau industriel, est lui aussi dommageable en terme environnemental.

Mais ce gain de temps n’est qu’un leurre ! Le temps de l'extraction et de la transformation des matières premieres, le temps de la production en atelier, masqué, doivent être comptabilisés, car ils sont bien réels. Si on raisonne en faisant une analyse globale des systèmes, l’industrie ne permet pas d’aller plus vite. Sauf pour détruire l’environnement… Elle permet de limiter les coûts financiers, de rentabiliser les investissements, sans pour autant bonifier la qualité architecturale des constructions.

On entend pourtant souvent que les systèmes constructifs issus de la voie industrielle sont plus qualitatifs car ils limitent les effets de "non qualité" sur les chantiers et impliquent une réflexion très en amont de la conception...

C’est prendre le problème à l’envers ! Si on construit mal aujourd’hui, c’est justement parce que l’industrie s’est emparée de la construction. L'industrie déqualifie les compagnons sur les chantiers et, en quelques décennies nous avons perdu une grande partie de nos savoir-faire artisanaux. Il faut repenser les filières de production, aujourd’hui trop organisées autour de la production industrielle.

Quant à la qualité qui découle d’une conception plus en amont, cela n’a rien à voir avec l’industrialisation. Un bon travail d'architecte, que la filière soit sèche ou humide, in situ ou préfabriqué, doit être abouti, maîtrisé et intelligent, pour atteindre la meilleure qualité possible.

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Date de réponse 21/10/2025