S'adapter aux évolutions du marché. Un vaste programme pour les industriels du secteur qui entendent bien profiter de l’engouement autour de la protection de l’environnement pour soutenir le marché. Thierry Bacci, directeur général de Rheinzink France, résume la situation : « Suite au Grenelle de l’environnement, il y a eu une prise de conscience qu’il fallait préserver la ressource eau. Les gens ont alors eu tendance à s’équiper avec des produits légers. Maintenant la problématique a changé car tout le monde est conscient que l’intérêt de récupérer l’eau de pluie est réel seulement si on peut la réutiliser. » Les industriels s’attachent donc à proposer des solutions permettant de diriger l’eau à différents points de la maison où elle trouve son utilité (jardin, WC, etc.). Sachant que l’utilisation de cette eau à l’intérieur de la maison est fortement réglementée et que, par exemple, les expérimentations menées depuis 2008 sur l’utilisation pour le lave-linge sont restées sans suite pour l’instant. Julien Lefèvre, responsable marché chez Salmson, insiste lui sur le besoin pour les industriels de la filière de « valoriser l’usage de la récupération des eaux de pluie ». Une valorisation qui passe aussi par la séduction des installateurs et des utilisateurs en s’appliquant à faciliter la mise en œuvre et l’utilisation quotidienne des systèmes. Baptiste Hermenier, chef de produits surpression domestique chez Salmson, confirme : « Il faut toujours prendre en compte le fait que l’utilisateur peut difficilement être en rupture d’eau, nous proposons donc la mise en place d’un réseau dédié à l’eau de pluie en parallèle à celui existant pour l’eau potable. Avec une grande simplification dans l’utilisation du système sachant qu’en cas de cuve vide, le système bascule automatiquement sur celui de l’eau de ville. »
Un gros potentiel à exploiter
Reste à prendre en compte une particularité de ce marché, note Luc Lary, chef produits traitement des eaux du groupe Sebico : « Nous savons tous que la récupération - utilisation des eaux de pluie est un acte volontaire aujourd’hui. Il faut donc être capable d’accompagner cette demande avec des systèmes efficaces et non contraignants. » Une volonté des particuliers de faire un geste éco-citoyen avant même d’envisager une opportunité économique qui amène de nouveaux acteurs à s’intéresser au marché. Un engouement renforcé par un décret sur les eaux pluviales réglementant, lors de la construction d’une maison individuelle, la mise en place d’un système de régulation ou d’infiltration des eaux de pluie à la parcelle. Un décret laissant penser que le potentiel d’installation de systèmes de récupération des eaux de pluie est très important. Xavier Weinachten, directeur des marchés TP chez Wavin, avoue d’ailleurs que « si nous étions déjà présents sur une partie de ce marché, nous souhaitons accélérer pour répondre, dès le début de l’année prochaine, au besoin de rétention de l’eau de pluie à la parcelle en permettant la réutilisation de cette eau » car l’enjeu est réellement la réutilisation dans le fonctionnement de la maison. Une évolution qui exige l’élargissement des gammes pour répondre à de plus nombreuses configurations.
Accompagner les installateurs
C’est pourquoi, ils cherchent à offrir des solutions beaucoup plus complètes. Baptiste Hermenier précise tout de même que « le sujet ne peut être traité de la même façon s’il s’agit d’une maison neuve ou d’une maison existante. Dans l’existant, très souvent, les gens vont se contenter de récupérer l’eau de pluie alors que dans le neuf ou dans le cas de réhabilitations très lourdes, nous nous dirigeons vers des solutions plus sophistiquées ». Solutions qui peuvent difficilement être mises en œuvre par le particulier. Il faut donc s’assurer de la bonne qualification des installateurs. Et pour y parvenir, les industriels mettent l’accent sur la formation et l’information. Thierry Bacci se félicite de pouvoir proposer à ses clients « un centre de formation mobile qui va au devant des clients et des prescripteurs » car la gouttière est partie intégrante d’un système de récupération des eaux de pluie. A ce titre, Luc Lary constate que « très souvent, dans l’existant, le plus difficile n’est pas d’installer une cuve mais de réaliser le maillage de gouttières pour optimiser la récupération ». Ce qui implique un savoir-faire de l’installateur mais aussi un accompagnement fort de l’industriel. Pour Dominique Lacombe, directeur commercial chez Graf, « il s’agit encore d’un marché nouveau ; les professionnels doivent donc être formés et informés non seulement sur les solutions techniques mais aussi sur la réglementation qui est assez stricte ». Une nécessité quand on sait l’importance de la disconnexion des réseaux, seule garantie de l’absence de pollution du réseau d’eau potable par de l’eau de pluie. Un risque sanitaire qu’il faut évacuer et qui fait dire à Luc Lary « qu’il est très important de faire confiance à des acteurs reconnus sur le marché en se méfiant notamment des personnes qui réutilisent des contenants plus qu’exotiques pour en faire des cuves de récupération des eaux de pluie ». Baptiste Hermenier pense d’ailleurs que « l’image de marque est importante sur ce marché pour les installateurs qui cherchent à être rassurés et exigent un fort niveau de service ». Du service mais aussi du conseil, et pour Luc Lary, le négoce a un grand rôle à jouer dans la promotion des systèmes de récupération des eaux de pluie. « N’oublions pas que l’acte de vente, c’est le négoce qui le réalise, c’est lui qui est au contact du client. Nous attendons donc des distributeurs que les formations que nous leur proposons soient suivies et bien appliquées. »
