« Au moment où je vous parle (19 mai), à 18h24, je roule sur la rocade près de l’aéroport et pour la première fois depuis deux mois, j’observe des bouchons. Nous renouons avec un grand classique ! Aujourd’hui, mes deux compagnons étaient ensemble sur un chantier de salle de bain à Lyon, que j’avais en portefeuille avant la pandémie. Fenêtre ouverte, ils ont travaillé en portant le masque et en respectant les gestes barrières. Si le téléphone ne sonne pas toute la journée, je n’accepte pas tous les chantiers et préfère effectuer de la sous-traitance au sein de mon Groupement d’artisans plombiers-chauffagistes (GAPC) avec lequel je suis resté en lien pendant tout le confinement.
Quand je pense à ces dernières semaines, je suis presque soulagé que la pandémie survienne l’année où ma trésorerie est saine et le carnet de commandes bien étoffé. Même si j’ai dû avancer le chômage partiel de mes compagnons, en mars et avril, j’ai pu faire reporter six mois d’échéance de prêt sur mon local et mon véhicule. Je ne suis pas à plaindre : mon entreprise est ancienne et structurée et je fais partie d’une organisation professionnelle (la Capeb, ndlr). Je reçois même de très bonnes nouvelles : mon assureur depuis trente ans, la MAAF, m’a annoncé par courrier une forte réduction de ma prime d’assurance, ce qui n’est pas négligeable pour la trésorerie.
Les trois prochains mois ne m’inquiètent pas. Mais quid de la fin de l’année ? Les clients, qui ont appris à se débrouiller seuls pendant deux mois, vont-ils nous recontacter pour des réparations ou préfèreront-ils thésauriser ? Le bailleur social pour lequel je travaille régulièrement continuera-t-il à faire rénover les salles de bain de ses logements ? Même si l’on respecte évidemment l’ensemble des règles sanitaires face au Covid-19, la crainte d’une 2e vague m’est complètement sortie de l’esprit. Je préfère ne pas y penser… »