Des autorisations et des mises en chantiers de logements neufs qui ne cessent de baisser (respectivement -22,2 % et -14,2% au 1er semestre). La menace d’une ponction de l’Etat sur les fonds d’Action Logement qui remettrait en cause le financement de 40.000 nouveaux logements sociaux (lire notre article). La mise en place du compte pénibilité qui n’est pas adapté dans sa forme actuelle au monde du BTP (voir focus). Et un investissement public local dans le BTP qui pourrait baisser d’environ 8 milliards d’euros à terme… En dressant le tableau du secteur du bâtiment lors de son premier point de conjoncture en tant que président de la FFB, Jacques Chanut a évoqué une situation « donnant le sentiment d’être au bord du précipice ». Un sentiment corroboré par la note de conjoncture de l’Insee publiée la veille (notre article).
Et pourtant, le successeur de Didier Ridoret a tenu un discours relativement positif. Un discours qui s’appuie sur quelques données étonnantes. Ainsi, le volume des ventes de matériaux résiste voire s’améliore selon la FFB. Tout comme le marché du crédit à l’immobilier neuf. Quant aux carnets de commandes qui ont connu un creux en décembre 2013 pour passer sous les 6,6 mois, ils sont repartis à la hausse au premier trimestre (voir portfolio).
Conséquence : l’appareil de production résiste. Et la chute des effectifs reste modérée : 20.400 postes perdus en moyenne en 2013 (y compris intérim et ETP) ; 16.300 postes « seulement » perdus au 1er trimestre 2014 par rapport au 1er trimestre 2013.
Un discours qui s’appuie également sur les mesures annoncées le matin même en Conseil des ministres.
Simplification
Pour éviter le choc de la baisse continue des mises en chantiers – 290.000 seulement en 2013 « mais on est loin du creux de 96-97 » a rappelé Jacques Chanut – le président de la FFB compte sur la simplification pour la réduction des délais et coûts de construction d’abord (notre article). « Les exigences réglementaires et normatives expliquent un tiers de la dérive des coûts » (le coût de la construction de logements neufs a augmenté de 55 % sur la période 1997-2012), a expliqué Jacques Chanut qui a également salué le choix de légiférer par ordonnance pour les cinquante premières mesures.
Le président de la FFB compte ensuite sur le « décollage du marché de la rénovation énergétique ». « La réforme extrêmement positive du CIDD et la levée des obstacles à la distribution de l’Eco-PTZ constituent d’excellentes mesures pour le marché ». Jacques Chanut s’est réjoui que les entreprises RGE soient ainsi chargées du rôle de « tiers-vérificateur » et de la responsabilité technique des dossiers. « Les entrepreneurs veulent du travail. Apporter un dossier d’allègement fiscal pour des clients va leur permettre d’obtenir ce travail. Et comme nous avons les connaissances techniques, que nous connaissons les travaux éligibles, c’est une très bonne chose », a-t-il affirmé. « Mais attention », a-t-il averti, « il y a le feu ! On veut que tout soit prêt au 1er septembre. Mais nous n’avons toujours pas le texte du décret qui doit donner lieu à des discussions et qui surtout doit être soumis au Conseil d’Etat. Or celui-ci ferme en août. J’espère que le gouvernement ne l’a pas oublié ! Un nouveau décalage entraînerait une perte de crédibilité. »
Enfin, Jacques Chanut s’est félicité que dans ces mesures de relance de la construction neuve, le gouvernement ait fait le même diagnostic que la FFB. « En jouant principalement sur le PTZ+ dans les zones B et C, où les effets de levier de l’aide sont les plus grands et sur l’adaptation des paramètres du « Duflot » aux conditions de marché, le gouvernement, sous les contraintes financières qui s’imposent à lui, fait preuve de pragmatisme » a estimé le président de la FFB.
Tout cela sera selon Jacque Chanut « de nature à réduire le choc et à éviter le pire ». A une condition toutefois : que la mise en œuvre de ces mesures soit rapide.