Il est difficile d’évaluer ce marché des systèmes d’étanchéité à l’air en valeur ou en volume. Quelques éléments d’appréciation peuvent néanmoins être recueillis. Nadine Grard (Knauf Insulation) rappelle l’estimation des pouvoirs publics : 5 à 8 % de surcoût pour une construction RT 2012, « le principal poste étant justement l’étanchéité à l’air ». Pour Gwénolé Lees (chef de projet Constructions durables Wolseley France) : « Il faut compter 10 à 14 € fourni/posé. De l’ordre de 2 000 euros pour un comble. » Dominica Lizarazu (Isover) cite une fourchette de prix voisine : « entre et 12 et 18 €. La part des fournitures est variable suivant le temps passé par les artisans : de l’ordre de 25 à 33 %. Il importe que les systèmes ne soient pas trop complexes et ne leur fassent pas perdre trop de temps. » Sur l’évolution du marché, les avis semblent assez disparates. « Pour nous, une progression de 5 % des ventes dès 2012, mais certains de nos concurrents qui ont beaucoup investi en marketing semblent déçus », indique un fabricant de film mince. Pour un distributeur, « la croissance est déjà là : avec des progressions à trois chiffres ! » La crise du bâtiment brouille la perception : « C’est comme s’il y avait deux flux en sens opposé. L’exigence d’étanchéité à l’air d’un côté, la baisse des mises en chantier de l’autre », suivant Florence Comte (Tremco-Illbruck). En fin d’année, on y verra plus clair. « Il faudra encore un an de rodage », suivant un responsable de marché. Sur le plan technique, le domaine paraît encore assez peu stabilisé. C’est ce qui ressort de nos échanges avec les experts de diverses instances (Bureau Veritas, Agence qualité Construction) et organisations professionnelles (FFB). A la différence de la RT 2005 qui avait ses « garde-fous », la RT 2012 a pour originalité de formuler un objectif de performance à atteindre, mais pas d’obligation en termes de moyens, ce qui est assez inhabituel dans un contexte français très marqué par l’assurance-construction. Un certain nombre de problématiques sont en train d’émerger comme la durabilité des performances d’étanchéité à l’air une fois le test obtenu, les risques liés aux transferts de vapeur d’eau dans les parois, l’emploi ou non de systèmes spécifiquement dédiés. L’usage de produits banalisés ou inappropriés peut entraîner des désordres, souligne Martin Guer, responsable de l’enquête Rex-BBC à l’AQC, citant entre autres, l’usage parfois massif de matériaux inadaptés pour boucher les fuites : mousse polyuréthane, joints silicone, ruban adhésif non adaptés... Rappelons enfin que l’exigence de test d’infiltrométrie a donné naissance à un métier, celui de « mesureur ». A fin 2012, près de 432 entreprises ont obtenu la qualification 8711 délivrée par Qualibat (employant plus de 600 mesureurs autorisés). L’activité de la profession a déjà doublé en 2012. « Le véritable élan viendra au second semestre », souligne Jean-Louis Capou, président du Syneole, syndicat représentatif de cette profession (qui devrait compter 3 000 opérateurs à terme).

