Inauguré cet été, le restaurant de la gare de Chaux-des-Crotenay (Jura) sert de carte de visite à Raphaël Poli. En charge du programme Place de la gare, le directeur adjoint de Gares & Connexions milite pour la synthèse entre l’industriel et le sur mesure, dans une stratégie qui cherche à donner envie de train. La nouvelle vocation gastronomique de la halte franc-comtoise y répond en tout point.
Grandes gares solidaires
« Dans les petites gares, nous travaillons en partenariat avec les collectivités, soit sur nos emprises, soit sur les leurs », explique le directeur adjoint de la filiale de la SNCF. A Chaux-des-Crotenay, étape de la ligne touristique dite des Hirondelles, le plan national Place de la Gare a rencontré le programme Réenchanter les gares, porté par la région Bourgogne Franche-Comté. Pour adapter le bâtiment à sa vocation gastronomique, le propriétaire et la collectivité ont apporté respectivement 233 346 € et 143 753 € au bénéfice de l’exploitant, signataire d’une convention d’occupation temporaire.
Dans le village de 390 habitants, la faisabilité économique repose sur une péréquation assumée par la filiale du transporteur public, au nom d’une logique d’aménagement du territoire : « La rentabilité d’un petit nombre de commerces de grandes gares permet de financer un large réseau », explique Raphaël Poli. Cette logique a également bénéficié à l’implantation d’Arthur-le-Boulanger à Parent-Coudes-Champeix (Puy-de-Dôme), sur la ligne Clermont-Ferrand – Issoire. Là où la configuration des lieux le permet, Gares et Connexions travaille sur l’accueil de bibliobus ou de points de vente gérés par des agriculteurs.
Chocolats haut de gamme
Au cœur des métropoles, l’effet de taille permet à Gares & Connexions de monter les opérations sans passer par le cofinancement des collectivités, avec des signatures haut de gamme. Le chocolatier parisien Cluizel en offre un exemple en gare de Lyon. Son homologue lyonnais Voisin s’est implanté à Lyon-Part-Dieu, un site qui a également séduit le bouchon Daniel & Denise.
« 100 % des bénéfices issus de Place de la Gare serviront aux gares », précise le directeur adjoint de Gares & Connexion. Depuis sa création en 2020, la filiale de la SNCF tient sa cadence d’1 Md€ d’investissements par an. Elle annonce 80 pôles d’échanges multimodaux en cours d’études pour les 10 ans à venir.
Parallèlement, elle se fixe un objectif de 40 % d’augmentation de ses loyers commerciaux, qui lui rapportent aujourd’hui 330 M€ par an. En surface, la croissance visée par Place de la gare atteindrait 20 %, par rapport aux 180 000 m2 actuellement exploités. Depuis 2020, l'équipe dédiée à Place de la Gare a mené à bien 250 projets totalisant 10 M€.
Le pari du vivre ensemble
Derrière le commerce pensé comme « un moyen d’optimiser l’utilité de la gare », Raphaël Poli défend un modèle du vivre ensemble : « Nous exploitons les rares lieux où se croise toute la population sans distinction d’âge ou d’origine sociale », rappelle-t-il.
Les vicissitudes des finances publiques permettront-elles de continuer à capitaliser sur cet acquis ? « Nous ne vendons pas du rêve, ni des fausses promesses », répond le directeur adjoint de Gares & Connexions. Raphaël Poli parie sur la pérennité des dynamiques locales qui portent le renouveau du ferroviaire.