Vendre tout ou partie des sociétés d'autoroutes pour renflouer les caisses de l'Etat, ou en conserver le contrôle et les bénéfices réguliers : la question fait l'objet d'âpres débats au sein du gouvernement.
Les discussions concernent trois sociétés d'autoroutes considérées comme les plus rentables, donc les plus attractives pour les investisseurs: la Sanef (nord et est), la SAPRR (Paris Rhin Rhône), ainsi qu'ASF (autoroutes du sud de la France). L'Etat détient la totalité des deux premières, et 51% de la troisième, partiellement privatisée par le gouvernement Jospin en 2002.
Jean-Pierre Raffarin pourrait annoncer une première décision début juin, après les débats prévus le 20 mai à l'Assemblée nationale et le 3 juin au Sénat sur le financement des infrastructures, selon le ministère des Transports.
Pour cela, Matignon devra arbitrer entre les ministères des Finances et des Transports, qui affichent des orientations différentes.
Selon plusieurs sources, Bercy milite pour une privatisation progressive et totale du réseau d'autoroutes françaises, un patrimoine dont la valeur est estimée à environ 8 milliards d'euros (10 milliards en comptant 100% d'ASF).
Pour les partisans de la privatisation, "beaucoup de capital qui pourrait être utilisé ailleurs est immobilisé dans les sociétés d'autoroutes".
Ils soulignent également que ce processus "est dans l'intérêt des société d'autoroute", et qu'il s'accompagnera "d'un renforcement des exigences de l'Etat sur les futurs concessionnaires".
Les arguments sont tout autres au ministère des Transports. "Les autoroutes rapportent beaucoup d'argent aujourd'hui. Si on les vend, cela fera une recette une seule fois, alors qu'elles sont une bonne source de revenu régulier", explique-t-on.
Selon plusieurs sources proches du dossier, Matignon pourrait finalement choisir une solution intermédiaire, en vendant une part minoritaire du capital de la Sanef et la SAPRR, ce qui permettrait d'en garder le contrôle tout en récoltant de l'argent frais.
