Le Lyon-Turin jugé inutile et coûteux par des experts italiens

La commission chargée par le ministère des transports italien de statuer sur le rapport coûts/bénéfices de cette infrastructure a enfin remis son étude. Elle dénonce fermement le projet.

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Le tracé de la LGV Lyon-Turin

« Un vaste gaspillage d’argent public ». La commission chargée par le ministère italien des transports d’évaluer la rentabilité du Lyon-Turin - ou "TAV" (treno ad alta velocità) en italien - condamne sans appel le projet de liaison ferroviaire. Elle était composée d’experts connus pour leur scepticisme, voire leur farouche opposition à cette infrastructure.

Sans surprise donc, ils dénoncent dans un document de 80 pages le déséquilibre entre des coûts escomptés bien supérieurs aux bénéfices espérés. Les coûts, en cumulant les investissements « à finir » et la gestion de la nouvelle ligne, seraient de près de 8 milliards. Les bénéfices seraient légèrement inférieurs à 900 millions d’euros. Un écart abyssal avec les 20 milliards d’euros que générerait le TAV d’après les promoteurs du projet.

L’étude se base sur des estimations d’évolution du trafic passagers et marchandises établies depuis 2011 par l’observatoire sur le TAV de la présidence du conseil italien. Pour qu’il soit rentable il faudrait que le trafic soit multiplié par 25 avec un nombre de voyageurs passant de 700 000 en 2017, à 4,6 millions en 2059 tandis que les 2,7 millions de tonnes de marchandises devraient bondir à 51,8 millions. Une croissance annuelle des flux de 2,5% que la commission juge impossible.

Impact environnemental minime

D'après les auteurs du rapport, les maigres bénéfices qui pourraient être envisagés ne compenseraient pas la baisse des recettes de l’Etat. Le déplacement du trafic de la route sur voie ferrée lui ferait encaisser moins d’accises en raison de la moindre consommation de carburant et il se priverait en outre des entrées liées aux péages autoroutiers. Une cagnotte de près de 5 milliards d’euros.

Quant à l’impact environnemental positif avec la réduction de plus de 2.000 camions qui traversent quotidiennement le tunnel de Fréjus, il serait minime. Ce rapport doit être le « point de départ d'un dialogue », avec l'organisation, rapidement, d'une « rencontre bilatérale », avait expliqué le ministre italien des transports Danilo Toninelli. Il marque surtout la poursuite d’un dialogue de sourds au sein de son propre gouvernement entre la Ligue, favorable au projet et le M5S qui y est fermement opposé.

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