Du haut du siège de la Dublin Port Company, les grues qui s’activent dans le port de la capitale irlandaise se comptent par dizaines. 60% des marchandises importées transitent par ce port, le plus grand et le plus fréquenté du pays. Avec une croissance de 4,3 % sur l'ensemble de l'année 2018, atteignant un record de 38 millions de tonnes en transit l'an dernier, le port doit aujourd’hui faire face au Brexit.
La moitié des exportations irlandaises expédiées par voie maritime ont en effet pour destination le Royaume-Uni et, avec environ
30 Mds€ de marchandises échangées chaque année, le pays est le deuxième partenaire commercial de l’Irlande. Le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne oblige donc le port de Dublin à changer son organisation.
Les chantiers se multiplient donc pour ajouter des quais dédiés aux inspections, des places de parking pour les camions, des postes de contrôle pour le bétail, ou encore des bureaux pour les centaines de nouveaux employés. « Ces investissements s’élèvent à 30 M€ » explique Lar Joye, le directeur du patrimoine portuaire.
La crainte d’un Brexit dur
La Dublin Port Company redoute surtout un Brexit dur. D’une part parce que, selon les estimations de la Banque centrale d’Irlande, sur une période de 10 ans, un Brexit sans accord pourrait réduire le niveau global de la production irlandaise de 6,1%, contre 1,7% en cas de création d’une zone de libre-échange.
D’autre part parce que cela entrainerait des retards dans la livraison des marchandises. « En cas de Brexit dur, sur les produits agricoles par exemple, les lois européennes sont strictes et les conteneurs en provenance du Royaume-Uni devront être minutieusement contrôlés » déplore Charlie Murphy, directeur de la communication de la Dublin Port Company.
Il espère donc que « des accords seront trouvés avec le Royaume-Uni sur certaines marchandises ». En attendant, pour d’ores et déjà minimiser les retards, un système d’autorisation d’accès par signal lumineux a été installé autour du port afin d’accélérer le passage des douanes.
Et pour améliorer les liaisons entre le port de Dublin et la ville, la Dublin Port Company envisage de construire un périphérique autour de la capitale. Charlie Murphy reste optimiste : il assure que « si le Brexit a lieu, la route sera longue mais le marché s’adaptera ».