Le pari du made in France

STRATéGIES INDUSTRIELLES -

Face à des importations massives, le parquet français doit reconquérir ses lettres de noblesse. Un enjeu qui se place autant sur le plan technique qu’environnemental et esthétique.

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Mondialisation oblige, le parquet hexagonal doit réagir contre l’afflux de produits de pays importateurs, issus principalement de Chine et de Pologne. Des régions du monde qui encouragent la transformation de matières premières par une main-d’œuvre sous-rémunérée. Et qui, de fait, affichent des coûts de production moindre. Ainsi, cette offre low cost a inondé les rayons des grandes surfaces de bricolage (GSB). Conséquence : si les parquets massifs feuillus, principalement en chêne, ont enregistré de belles progressions, avant le recul connu depuis deux ans, elles se sont accompagnées d’une augmentation conséquente des importations du Sud-Est asiatique. Or, les GSB « n’ont pas toujours joué le jeu. Elles ont entraîné une confusion dans l’esprit du consommateur. Aujourd’hui, ce dernier ne sait plus faire la différence en terme de qualité entre des produits d’import et des parquets produits en France », regrette Jean-Luc Roy, directeur général de Panaget. En outre, « désormais dans un marché de déflation, les prix baissent alors que les coûts des matières premières, eux, continuent d’augmenter », révèle Eric Mantion, directeur commercial de la Parqueterie Berrichonne. « Nous sommes en suroffre et en surproduction ». Une dure réalité qui vient de frapper de plein fouet le leader national, Parquets Marty. En dépit d’un plan de sauvetage mis en œuvre l’an passé, la société basée dans le Lot-et-Garonne ne résiste pas à la crise et à un chiffre d’affaires à l’export en berne. Alourdie par un outil de production surdimensionné, elle a été déclarée en cessation de paiement en mai dernier et attend un éventuel repreneur.

Adapter l’outil industriel

Conséquence : la production française doit se réadapter. Face à une progression des essences nobles, typiquement européennes, pour contrer les parquets low cost, elle organise son repositionnement vers la qualité. Et de plusieurs manières. D’abord du côté de l’outil industriel. « Nous avons réduit la voilure, image Eric Mantion. En repensant notre outil, nous avons une production plus adaptable afin de fabriquer des petites séries. » De 8 000 m par jour avant ces deux dernières années de difficultés pour le parquet, la Parqueterie Berrichonne est passée à environ 3 000 m par jour. Objectif : posséder une usine plus flexible, « afin de pouvoir proposer des produits de niche, car nous sommes battus sur les parquets monolames par les pays importateurs ». Ainsi, avec des séries plus courtes, des teintes spécifiques, et des produits techniques avec sous-couche intégrée par exemple, ce producteur compte bien reconquérir des parts de marché. Mais également, « avec une production dédiée aux chantiers d’architectes. Nous fabriquons presque du sur-mesure ». Une nécessité pour le parquet français, et un avis partagé par Yves Panaget de la société Design Parquet : « Nous devons nous différencier, apporter des innovations, et nous positionner sur des créneaux où d’autres ne sont pas ». Et le parquet français compte abattre d’autres cartes pour contrer les imports massifs éloignés.

Du parquet vert

Si les deux dernières années de crise ont légèrement balayé l’argument écologique - qui résiste rarement aux difficultés économiques - c’est en tout cas un tournant de taille face aux produits issus des pays importateurs. « Tout ce qui concerne les labels PEFC et FSC sont des évolutions importantes, poursuit Yves Panaget. C’est un mouvement de fond qui offre une visibilité à des consommateurs. Ces derniers souhaitent de plus en plus être “consommacteurs”. Les marques PEFC et FSC impriment, en effet, un mouvement de fond qui garantit des approvisionnements en bois toujours plus sécurisés et certifiés. » En effet, le développement durable et la notion de responsabilité environnementale reprennent du galon dans l’esprit des particuliers. Ils deviennent des critères décisifs au moment du choix. Et permettent de dégager une valeur ajoutée. Le parquet offre une solution parfaitement inscrite dans ce contexte puisqu’il s’agit du seul revêtement de sol à faire usage d’une matière première naturelle, renouvelable et recyclable. A condition que les produits soient bien estampillés PEFC et FSC. « La clé de ce métier, c’est la matière première, confirme Jean-Luc Roy. Notre politique depuis 2006 est de proposer des chênes 100 % français et d’ailleurs, globalement, la majorité des producteurs arrive sur cette approche pour offrir une traçabilité parfaite. » Et faire valoir d’autres arguments de taille tels qu’un bilan carbone de bien meilleure qualité que celui généré par des produits d’import. Et si se fournir au plus près évite les dégagements de CO2, cette démarche permet aussi de préserver les emplois au niveau local.

Du made in France

Le parquet s’organise aussi pour renouer avec sa qualité première : son authenticité. Avec pour moteur, l’Union française des fabricants et entrepreneurs du parquet (Uffep), les fabricants nationaux se sont regroupés pour lancer en mai dernier la marque Parquets de France, fondée sur une charte de qualité.

Objectif : rassurer le consommateur et l’informer sur les qualités du parquet hexagonal. « Ainsi, nous souhaitons redonner du lustre à notre production, car le made in France semble être en vogue, explique Jean-Luc Roy. Et parce que nous ne pouvons pas lutter contre les Chinois et les Polonais, nous sommes condamnés à nous orienter vers le milieu, voire le haut de gamme. Heureusement, il reste encore des particuliers qui peuvent se l’offrir. » Un label donc pour se différencier et permettre aux consommateurs d’identifier une qualité 100 % française. « Mais il ne faut pas que cet outil de différenciation devienne un label comme les autres, étant donné que nous en avons déjà dix sur nos produits. En outre, il sera un réel atout à condition que nous nous adressions autant au grand public qu’à la distribution, ajoute Eric Mantion. C’est bien le consommateur final que nous devons influencer. Il faut qu’on lui explique pourquoi un monolame qu’il achète 30 euros en grande distribution en vaut le double chez nous. » En tout cas, ce label va offrir la visibilité nécessaire aux consommateurs en quête de qualité.

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