« Première première pierre » : Armande Le Pellec Muller, rectrice de l’académie de Strasbourg, a osé cette expression le 2 juillet à La Cité Paul Apell du campus de l’Esplanade à Strasbourg, où le centre régional des œuvres universitaires de Strasbourg (Crous) reconstruit le restaurant universitaire pour 6,5 millions d’euros HT. La représentante de l’Etat a ensuite listé les prochaines étapes de sa formation au maniement de la truelle : la maison universitaire internationale, sous maîtrise d’ouvrage de la Société d’équipement de la région de Strasbourg (Sers), l’extension de l’Ecole de management, confiée à la région Alsace, le centre de recherche en biomédecine de Strasbourg, piloté par l’université. Depuis l’alternance politique nationale de 2012, seule l’annonce de l’abandon des partenariats public privé (PPP) avait marqué l’actualité du plan campus qui, en termes de chantiers, s’était limité au réaménagement des espaces extérieurs du site de l’Esplanade.
Reconversion d’une friche
Tous deux signés par l’agence strasbourgeoise Weber Keiling, les deux premiers projets en démarrage indiquent une priorité : « Nous aurions pu consacrer 100 % de l’enveloppe à la recherche et à l’enseignement. Le restaurant universitaire Paul Apell et la maison universitaire internationale montrent l’importance que nous attachons à la vie étudiante et à son intégration dans les quartiers », insiste Armande Le Pellec Muller. En glissant le nouveau restaurant sous la barre de la résidence universitaire, Patrick Weber et le Crous optimisent l’assiette foncière du projet, dégageant ainsi l’espace du futur parvis. La reconversion de l’ancien restaurant universitaire en un hall d’accueil de la cité, doté d’une brasserie, renforcera l’effet d’ouverture sur le quartier. Déjà sensible dans les aménagements extérieurs de l’Esplanade, le message urbain du plan Campus se renforcera avec la maison universitaire internationale : dans le cadre d’un marché de conception réalisation, la Société alsacienne du Bâtiment (titulaire du prix Moniteur de la construction en 2009) reconvertira l’ancien silo Seegmuller, dernier entrepôt désaffecté de la presqu’île Malraux où Strasbourg a engagé depuis plus de10 ans la reconversion de ses friches portuaires.

Anticiper la maintenance
Ce deuxième projet, qui entrera en travaux en septembre, illustre également l’ouverture du plan campus à des montages atypiques : « Sur 17 millions d’euros, il en manquait 10 pour démarrer. Nous avons donc créé une Société civile immobilière avec la caisse des dépôts, pour contracter les emprunts », explique Jacques Bigot, président de la Sers et de la communauté urbaine de Strasbourg (Cus). Après l’abandon des PPP, l’idée d’ouvrir le choix des procédures d’accès aux marchés reste entière : les pilotes du plan campus envisagent notamment le recours à l’article 73 du code des marchés publics, qui réglemente les contrats de conception, réalisation, exploitation et maintenance (Crem). « Quelle que soit la formule, il n’est pas question d’hypotéquer l’avenir, faute de visibilité sur l’entretien », précise Alain Beretz, président de l’Université de Strasbourg. Autre source de satisfaction, qui rend hommage au travail de l’urbaniste Edouard Manini, directeur de projet : « Même si le rythme des intérêts intercalaires qui financent les opérations créent des incertitudes de délai, le plan campus reste calé sur une vision globale. Il ne s’agit pas d’un chapelet de 24 opérations ». La qualité du dossier strasbourgeois avait placé la capitale alsacienne parmi les trois premiers sites sélectionnés par l’Etat au titre du plan campus.