La CNDP a clôturé le débat global sur l’avenir de la zone industrielle Fos-Etang de Berre

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Le 22 septembre, la CNDP a présenté au grand public le bilan du débat sur l’avenir industriel du bassin autour de l’Etang de Berre. Il a permis d’interroger la vocation de « zone industrielle bas carbone » du territoire. Les porteurs des 51 projets industriels, énergétiques et d’infrastructures ont trois mois pour apporter des compléments.
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Le port de Marseille-Fos
Le port de Marseille-Fos.

Le 22 septembre, à Istres (Bouches-du-Rhône), la réunion de restitution du compte-rendu du débat public sur l’avenir de la zone industrielle Fos-Etang de Berre a clos une large consultation à l’échelle de trois départements. Saisie par les préfets des Alpes-de-Haute-Provence, des Bouches-du-Rhône et du Gard, la Commission nationale du débat public (CNDP) a conduit, du 2 avril au 13 juillet 2025, les discussions sous une forme inédite. Grâce à la possibilité offerte par la loi Industrie verte du 23 octobre 2023, elle a mis en débat, non pas un, mais plusieurs projets en même temps et sur un même territoire « délimité et homogène ». En l’occurrence, ce premier débat public global organisé en France devait apporter une information complète et une vision d’ensemble sur l’évolution de Fos-Etang de Berre appelé à devenir « une zone industrielle bas carbone ». Pour réussir sa transition, plus de 20 milliards d’euros d’investissements publics et privés sont annoncés avec, à la clé, la promesse de 10 000 emplois directs.

5 206 participants aux 52 événements

En tout, la CNDP a recensé plus de 5 206 participants aux 52 événements organisés (ateliers, visites sur le terrain, réunions publiques, etc.), 487 contributions en ligne et 138 « cahiers d’acteurs » rassemblant les avis d’organisations formelles ou non. Citoyens, élus, experts, représentants d’associations, industriels ou agriculteurs ont pu faire entendre leurs voix et poser la question des impacts cumulés, notamment en matière de mobilités, de logements et d’environnement, des 51 projets industriels, d’infrastructures et d’équipement. Répartis en filières, ils concernent la production d’hydrogène et de panneaux solaires photovoltaïques, la sidérurgie, les transports, mais aussi les infrastructures portuaires, hydrauliques et les routes.

Consensus

Du débat, ressort un consensus pour l’avenir industriel du territoire. Et s’il y avait des interrogations, elles portaient « sur les limites, les contraintes, les conditions et la priorisation dans cet avenir », a pointé Audrey Richard-Ferroudji, la présidente de la commission spéciale du débat public (CSDP).

Ainsi, elle a noté « une attention vive aux effets sur l’emploi et des attentes de priorisation des projets industriels qui participent le plus à la décarbonation », tout comme des questionnements sur la place de l’hydrogène. Par exemple, NaTran porte un projet de réseau de transport d’hydrogène depuis Villeneuve (Alpes-de-Haute-Provence) jusqu’à Fos en passant par Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Dénommé HYnFramed, il serait relié à BarMar, projet de corridors d’importation d’hydrogène, via la Méditerranée (depuis le Portugal à la France via l’Espagne), ainsi qu’à Hy-Fen qui, lui, raccordera le nord de l’Europe et l’Allemagne.

Même questionnements face aux projets d’extension des plateformes logistiques du grand port maritime de Marseille. Le public s’est interrogé sur l’impact de la massification des flux de marchandises qui serait contraire à la décarbonation faute de report modal efficace.

Approvisionnement électrique

Parmi les principaux enjeux figure l’approvisionnement électrique dans la région Provence Alpes Côte d’Azur qui produit 40 % de ce qu’elle consomme. La sécurisation du réseau devrait passer par la construction, controversée car traversant la Camargue, d’une ligne à très haute tension (THT) de 400 000 volts entre Jonquières-Saint-Vincent (Gard) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). « Le débat sur la ligne à très haute tension a mis en visibilité la fragilité du réseau électrique. Est ressorti qu’en ajustant les besoins, la montée en puissance pourrait être progressive », note Audrey Richard-Ferroudji.

Lors du débat, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) Paca a souligné que « même en phasant et en hiérarchisant les projets, les demandes, à l’horizon d’une dizaine d’années, sont largement supérieures à nos capacités actuelles de fourniture d’énergie électrique ». Pour assurer le fonctionnement des futures unités industrielles, la zone industrialo-portuaire de Fos aurait besoin de 7 000 MW de puissance installée supplémentaires.

Approche globale

Sur ce sujet particulier, citoyens, élus et industriels s’interrogent sur une sous-planification par les acteurs publics, qui n’a pas permis d’anticiper les besoins en électricité, et demandent à dépasser l’approche centrée sur le projet de ligne THT pour une approche globale.

La préservation d’espaces naturels particulièrement riches en biodiversité a été un autre fil rouge du débat tout comme les effets cumulés sur la santé publique. Les interrogations se sont essentiellement concentrées sur la situation actuelle, l’exposition aux émissions atmosphériques et l’offre de soins disponible sur le territoire. La mise en œuvre d’une gestion collégiale des sites de compensation est également préconisée.

Approfondir

Les porteurs de projet, dont l’Etat et le Grand port maritime de Marseille (GPMM), ont trois mois pour tirer les enseignements du débat et répondre aux quelque 500 recommandations de la CNDP. La première est de poursuivre et approfondir l’analyse des effets cumulés en particulier sur les risques.

Déjà, l’Etat et les collectivités locales ont pris des engagements financiers à hauteur de 210 millions d’euros pour deux projets routiers en stand-by depuis longtemps. Essentiels au développement du bassin ouest du Grand port maritime de Marseille, le contournement de Martigues-Port-de-Bouc et celui de Fos-Salon auraient, de plus, pour mérite de sortir les camions d’axes saturés. Le premier est destiné à désaturer les axes existants, sécuriser les flux, et réduire les nuisances pour les riverains. Le second concerne la liaison Fos-Salon, qui vise à connecter directement la zone industrialo-portuaire à l’autoroute A54. Pour l’heure, aucun calendrier de mise en œuvre n’a été communiqué à ce jour.

Rendez-vous après le 13 décembre pour des avancées et des éclaircissements.

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