Pourquoi ce thème, «Urbanisme, génération décentralisation», pour votre 17e université d’été ?
Après 30 ans de décentralisation, il était temps de se demander ce qu’était devenue la profession. Notamment à l’aune d’une accumulation d'orientations qui risquent d’affaiblir la profession. Ainsi pour la même année 2013, le projet de loi sur les universités a proposé de retirer le mot urbanisme des Masters 2. Il a aussi été question de faire disparaître les CAUE, au profit d’un développement de l’ingénierie départementale. Enfin, le sujet de l’accès au concours d’ingénieur territorial, qui n’admet pas les diplômés en urbanisme, n’est toujours pas réglé.
Dans ce contexte, l’université d’été va se présenter comme des assises, où plusieurs organisations représentant la profession, comme l’Aperau, qui porte les interpellations sur la formation, les Urbanistes des territoires (UT), la Société française des urbanistes (SFU), le Collectif national des jeunes urbanistes (CNJU), vont exprimer leur point de vue et dresser un bilan du métier.
Le métier d’urbaniste est-il dans un état de carence particulier?
Depuis que la compétence d’urbanisme a été déléguée aux collectivités locales il y a 30 ans, le métier n’a pas progressé dans sa définition ni dans sa reconnaissance. Son exercice s’est démultiplié entre les services des collectivités locales (urbanisme, développement, cadre de vie, espace public, déplacement, environnement, etc.), les organismes parapublics (agences d’urbanisme, CAUE, Pact-Arim, parcs naturels, etc.) et différentes structures de prestataires privés. L’offre de formation s’est également étoffée et diversifiée.
La nature de l’exercice en est modifiée : davantage de réunions, des intervenants plus nombreux à intéresser au projet, une part règlementaire nettement accrue. Loin de l’équation mythique « un maire + un architecte », l’urbaniste n’est jamais seul sur un projet. Sa tâche est au contraire d’organiser le passage de relais entre acteurs, nécessitant pour cela un savoir-faire particulier et une vision large et transversale. Or, pour des projets où de nombreux prestataires interviennent, les marchés publics ne sont pas toujours adaptés.
Concernant la reconnaissance de la profession, personne ne s’est préoccupé de son devenir, en 30 ans. Ainsi au sein de l’Etat par exemple, il existe pour accompagner les services des architectes-conseil et des paysagistes-conseil, mais pas d’urbanistes-conseil. Ajoutez à cela que la ligne de partage public/privé n’est plus si claire, que des outils de l’urbanisme (accès aux bases de données, photo aérienne, cartographie en ligne) sont de plus en plus accessibles aux non professionnels. Comme dans bien d’autres professions, la question de ce qu’est le professionnalisme en urbanisme est à redéfinir.
Quelles sont vos propositions pour mieux structurer la profession et la production d’études urbaines?
Nous voulons d’abord renforcer l’identité des urbanistes dans la fonction publique territoriale. Ensuite, clarifier le choix des prestataires et les formes juridiques liés aux études, en définissant mieux les compétences et le niveau d’intervention de chacun. Il faudrait également mieux disséminer la connaissance des territoires, en capitalisant et en mettant à disposition les précédentes études. Lors d’une consultation, il faut enfin pouvoir connaître les montants que les commanditaires veulent investir pour une étude ou un projet, afin de dimensionner la réponse.
L’objectif est que les urbanistes puissent exercent leur métier dans de bonnes conditions. Car la finalité de la production est d’assurer une bonne gestion des territoires, en inscrivant des germes de société dans la forme urbaine. Lors de l’université d’été, la question de la planification stratégique sera soulevée, de même que celles des moyens humains et de la formation des urbanistes.