Mipim : l’heure du désenclavement de La Défense a sonné

Le quartier d’affaires lance un appel à projets pour s’ouvrir davantage sur les villes de Puteaux, au sud, et de Courbevoie, au nord. 

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A la Défense, le site Gambetta doit faire l'objet d'un verdissement.
Le site Gambetta doit faire l'objet d'un verdissement.

Frappé par un taux de vacance historique de 13,6 %, soit le double de la moyenne francilienne, La Défense veut se réinventer. Et le fait savoir.

Son aménageur public, Paris La Défense, lance, au Mipim ce mercredi 16 mars, un appel à projets. Une première. « En sortie de crise, c’est à nous de rappeler aux acteurs immobiliers privés l’intérêt supérieur du quartier, confie Pierre-Yves Guice, directeur général de l’établissement public local. Cela veut dire plus de qualité environnementale, de la mixité, de l’insertion en lien avec les communes… »

Baptisé Empreintes, l’appel à projets vise à repenser cinq emprises foncières artificialisées.

Des routes à recouvrir

Commençons par le site Demi-Lune (1,5 ha). Sa transformation devra effacer l’opposition entre lieu de travail (Tour Pacific, Le Belvédère…), lieu de résidence (logements à Puteaux) et lieu de consommation (centre commercial Westfield Les 4 Temps). Une dalle devra notamment recouvrir la bretelle de la RD 914.

Les futurs programmes de Liberté (1,6 ha) devront renforcer la trame verte entre le centre-ville de Puteaux et les tours EDF et Atlantique. Quant à Jean Moulin (1,5 ha), le site devra connecter la dalle de Puteaux au jardin Gallieni. « Il s’agit de hiérarchiser l’espace public sous une route deux fois deux voies », explique-t-il. Plusieurs immeubles de hauteurs différentes pourraient être construits. Le plus bas serait le plus proche de la ville.

Côté Courbevoie, Ségoffin, avec son accès au RER E annoncé en 2023, devra apporter une nouvelle offre commerciale. Le site de 2800 m² est entouré de logements et de bureaux. Quant à Gambetta (2000m²), Paris La Défense imagine une « coulée verte » en lieu et place du chantier Eole dédié au prolongement du RER E.

Coliving et résidences étudiantes

Paris La Défense n’imposera pas de hauteur minimale, qui dépend des PLU. « Ce qui est sûr, c’est que ces zones de couture urbaine sont antinomiques avec des tours de 300 mètres de haut », observe-t-il.

Autre certitude, le premier quartier d’affaires européen de 566 hectares, qui compte 42 000 habitants ainsi que 45 000 étudiants et 180 000 salariés de passage, ne verra pas pousser de logements en copropriété. Ici, diversification rime plutôt avec résidentiel géré. « Le coliving va devenir le gros sujet, assure-t-il. C’est une demande des salariés qui ont adopté un fonctionnement hybride avec deux jours par semaine sur site et trois jours de télétravail en province. Or, aujourd’hui, nous avons zéro offre. »

Outre les résidences étudiantes ou seniors, La Défense pourrait également accueillir de nouveaux hôtels en complément des 2 500 chambres existantes.

Chaque groupement devra réunir au moins un opérateur immobilier, qui enfilera le costume de mandataire, au moins une agence d’architecture et d’urbanisme spécialisée dans l’urbanisme transitoire, deux bureaux d’études, dont l’un spécialisé dans le développement durable, et un économiste.

La consultation court jusqu’au 30 mai. Les lauréats des opérations Jean Moulin et Segofin seront connus fin 2023. Pour Demi-Lune, Gambetta et Liberté, il faudra attendre fin 2024.

« Créer un effet d’entraînement sur le parc existant »

« La Tour Hekla avait été un projet précurseur de la reconnexion entre la dalle et la ville avoisinante. Avec cet appel à projet, nous reproduisons cette dynamique sur les périphéries de la Défense historiquement délaissées. Celles-ci seront au centre de l’attention ces prochaines années », annonce-t-il.

Et d’ajouter : « L’idée de cet appel à projets est de montrer que nous avons une marge de créativité, que nous pouvons accueillir des projets ambitieux pour ensuite créer un effet d’entraînement sur le parc existant et gagner la bataille contre le carbone », résume Pierre-Yves Guice. L’objectif est de diviser par deux l’empreinte carbone du quartier d’ici 2030, par rapport aux années 90.

Piloté par le Département des Hauts-de-Seine, les Villes de Courbevoie, Nanterre et Puteaux, la Région Ile-de-France, la Métropole du Grand Paris et l’Etat, l’établissement public local prévoit d’organiser des Etats généraux des immeubles vieillissants d’ici la fin d’année. Autour de la table : propriétaires, constructeurs, architectes, scientifiques et pouvoirs publics. En espérant que le futur gouvernement participe à la réflexion.

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