Vous jouez un rôle de conseil auprès des collectivités locales et des entreprises, notamment en matière de plans de déplacements urbains. Vous êtes favorable au système du péage urbain à Paris. Pourquoi ?
L'espace de circulation est rare et les voitures provoquent des nuisances : pollution de l'air et bruit. Un péage permettrait de faire payer les usagers des voitures particulières pour ces nuisances. Cela serait le seul moyen de limiter efficacement les entrées de voitures dans Paris et de limiter le trafic de transit. Les ressources dégagées par le péage permettraient de trouver des financements pour les nombreux projets de transports en commun en Ile-de-France.
Ce péage n'aurait-il pas pour conséquence de léser les banlieusards et de creuser les différences entre les Parisiens, souvent plus aisés, et les habitants de la périphérie ?
Il faut, en effet, placer les péages de façon à ce que les Parisiens ne semblent pas favorisés. Je propose de découper Paris en 10 à 20 zones. Le passage en voiture d'une zone à une autre obligerait à un paiement, qui se ferait d'ailleurs le plus possible de manière électronique. Ainsi, les Parisiens qui utilisent leur voiture contribueraient au péage. Il faudrait un deuxième péage au niveau du périphérique afin de limiter le nombre de voitures qui entrent dans Paris. Un dernier péage pourrait être installé à l'extérieur de Paris, au niveau de l'A86, par exemple. Cela permettrait d'éviter que la proche banlieue ne recueille tout le trafic dissuadé par les péages parisiens... La question des tarifs reste un problème délicat auquel il faudra réfléchir attentivement.
Pensez-vous que le péage urbain soit une solution réaliste et politiquement acceptable en Ile-de-France ?
C'est une solution réaliste dans la mesure où d'autres agglomérations dans le monde ont fait ce choix. C'est le cas à Singapour, mais aussi dans trois villes de Norvège, dont Oslo. Londres s'y prépare. Un « white-paper », l'équivalent d'un projet de loi au Royaume-Uni, a été rédigé sur ce sujet. Il devrait être voté prochainement. En France, les esprits ne sont pas encore prêts à accepter le péage urbain, mais les choses évoluent. La seule solution, à mon avis, pour convaincre l'opinion du bien-fondé du péage serait d'expliquer que les ressources permettent de développer les transports en commun et, donc, de réduire la pollution.