Le séminaire transfrontalier du 12 mars à Strasbourg annonce une ère nouvelle : les citoyens des deux côtés du Rhin participent à l'exercice de planification concertée engagé en 1999 par le syndicat mixte pour le schéma de cohérence territoriale de la région de Strasbourg (Scoters). Ce travail enrichira et précisera le document provisoire validé le 17 janvier dernier par le comité politique de pilotage transfrontalier Strasbourg-Ortenau : les « orientations et projets pour un développement commun », document lui-même issu d'une «étude-diagnostic» coordonnée par l'Agence de développement et d'urbanisme de l'agglomération de Strasbourg.
Un franchissement routier entre Erstein et Lahr
Les projets approuvés par les élus des deux côtés du Rhin témoignent de l'évolution en cours vers la mise en oeuvre concrète des idées de coopération. En l'absence d'un droit de l'urbanisme transfrontalier, les collectivités prévoient l'intégration du document d'orientation dans leur cadre juridique respectif : le schéma de cohérence (SCOT) pour le Scoters, le Regionalplan pour l'Ortenaukreis. Mais en relançant la perspective d'un eurodistrict lors du dernier sommet franco-allemand, les deux Etats ont invité les acteurs locaux à imaginer une véritable planification intégrée.
Plusieurs étapes marqueront à très court terme l'accélération transfrontalière en cours dans la région de Strasbourg : au sud de ce territoire, Erstein (Bas-Rhin), Lahr (Pays de Bade) et les communes environnantes préparent la fête qui marquera la création officielle du syndicat mixte transfrontalier « Vis-à-Vis », le 10 mai. Outre le projet d'un nouveau franchissement routier du Rhin (pont ou bac), le futur maître d'ouvrage public réfléchit à l'aménagement de pistes cyclables thématiques autour du tabac et du sucre. Le 5 juin, la mise en service d'une desserte ferroviaire cadencée entre Strasbourg et Offenbourg s'inscrit dans la même volonté d'intensification des échanges de proximité.
Au coeur de la région transfrontalière, le réaménagement en cours de l'axe routier est-ouest E52 entre Strasbourg et Kehl répond également à cet objectif. Le même parti inspire les projets, des deux côtés de la frontière : créer un boulevard urbain qui accompagne la métamorphose des quartiers et friches alentour.
Alors que les travaux battent déjà leur plein à Kehl (voir encadré ci-dessous), la direction départementale de l'équipement du Bas-Rhin engage la concertation préalable à l'enquête publique sur le réaménagement d'une section d'1,4 km de la route du Rhin (RN4) entre la place de l'Etoile et le pont Vauban. L'aménagement de friches, autrefois inconstructibles pour des raisons militaires, témoigne d'une des idées fortes des aménageurs du Rhin supérieur : privilégier le développement urbain à l'intérieur du périmètre des villes, pour résister au mitage des paysages, à l'appauvrissement des milieux naturels et au tout automobile.
La bonne entente et la cohérence déjà affichées par les aménageurs transfrontaliers appellent d'autres étapes : « Tant qu'il s'agit de construire des ponts, il est relativement facile de faire coïncider des volontés, des compétences et des financements. Lorsqu'il s'agira de projets plus importants et complexes auxquels s'opposeront certains acteurs, nous devrons nous poser la question désormais tranchée entre les Etats : faut-il aller vers un principe de majorité ? », interroge Günther Petry, maire de Kehl.
Pour relever ce défi, les acteurs du futur Eurodistrict franco-allemand disposent d'un avantage précieux, par rapport aux Etats : celui de la proximité, qui peut favoriser l'adhésion active des citoyens. Président du Scoters, Robert Grossmann pensait sans doute à ces derniers, lorsqu'il a déclaré à la presse, le 17 janvier après le comité de pilotage Strasbourg Ortenau : « Nous allons vous surprendre. »
LAURENT MIGUET Le séminaire transfrontalier du 12 mars à Strasbourg annonce une ère nouvelle : les citoyens des deux côtés du Rhin participent à l'exercice de planification concertée engagé en 1999 par le syndicat mixte pour le schéma de cohérence territoriale de la région de Strasbourg (Scoters). Ce travail enrichira et précisera le document provisoire validé le 17 janvier dernier par le comité politique de pilotage transfrontalier Strasbourg-Ortenau : les « orientations et projets pour un développement commun », document lui-même issu d'une «étude-diagnostic» coordonnée par l'Agence de développement et d'urbanisme de l'agglomération de Strasbourg.
Un franchissement routier entre Erstein et Lahr
Les projets approuvés par les élus des deux côtés du Rhin témoignent de l'évolution en cours vers la mise en oeuvre concrète des idées de coopération. En l'absence d'un droit de l'urbanisme transfrontalier, les collectivités prévoient l'intégration du document d'orientation dans leur cadre juridique respectif : le schéma de cohérence (SCOT) pour le Scoters, le Regionalplan pour l'Ortenaukreis. Mais en relançant la perspective d'un eurodistrict lors du dernier sommet franco-allemand, les deux Etats ont invité les acteurs locaux à imaginer une véritable planification intégrée.
Plusieurs étapes marqueront à très court terme l'accélération transfrontalière en cours dans la région de Strasbourg : au sud de ce territoire, Erstein (Bas-Rhin), Lahr (Pays de Bade) et les communes environnantes préparent la fête qui marquera la création officielle du syndicat mixte transfrontalier « Vis-à-Vis », le 10 mai. Outre le projet d'un nouveau franchissement routier du Rhin (pont ou bac), le futur maître d'ouvrage public réfléchit à l'aménagement de pistes cyclables thématiques autour du tabac et du sucre. Le 5 juin, la mise en service d'une desserte ferroviaire cadencée entre Strasbourg et Offenbourg s'inscrit dans la même volonté d'intensification des échanges de proximité.
Au coeur de la région transfrontalière, le réaménagement en cours de l'axe routier est-ouest E52 entre Strasbourg et Kehl répond également à cet objectif. Le même parti inspire les projets, des deux côtés de la frontière : créer un boulevard urbain qui accompagne la métamorphose des quartiers et friches alentour.
Alors que les travaux battent déjà leur plein à Kehl (voir encadré ci-dessous), la direction départementale de l'équipement du Bas-Rhin engage la concertation préalable à l'enquête publique sur le réaménagement d'une section d'1,4 km de la route du Rhin (RN4) entre la place de l'Etoile et le pont Vauban. L'aménagement de friches, autrefois inconstructibles pour des raisons militaires, témoigne d'une des idées fortes des aménageurs du Rhin supérieur : privilégier le développement urbain à l'intérieur du périmètre des villes, pour résister au mitage des paysages, à l'appauvrissement des milieux naturels et au tout automobile.
La bonne entente et la cohérence déjà affichées par les aménageurs transfrontaliers appellent d'autres étapes : « Tant qu'il s'agit de construire des ponts, il est relativement facile de faire coïncider des volontés, des compétences et des financements. Lorsqu'il s'agira de projets plus importants et complexes auxquels s'opposeront certains acteurs, nous devrons nous poser la question désormais tranchée entre les Etats : faut-il aller vers un principe de majorité ? », interroge Günther Petry, maire de Kehl.
Pour relever ce défi, les acteurs du futur Eurodistrict franco-allemand disposent d'un avantage précieux, par rapport aux Etats : celui de la proximité, qui peut favoriser l'adhésion active des citoyens. Président du Scoters, Robert Grossmann pensait sans doute à ces derniers, lorsqu'il a déclaré à la presse, le 17 janvier après le comité de pilotage Strasbourg Ortenau : « Nous allons vous surprendre. »
CARTE :
L'aire d'étude transfrontalière Strasbourg-Ortenau
La région Strasbourg - Ortenau regroupe un million d'habitants des deux côtés du Rhin.
PHOTO :
« L'ancienne cour des douanes de Kehl est idéalement placée pour recevoir les services du district » Jürgen Rauch, chef de l'urbanisme de Kehl