Tendances - Le milieu du gué

Stratégies industrielles -

L’incandescente était la lampe d’hier, la LED celle de demain. Sur le marché d’aujourd’hui, le match de la fluocompacte contre l’halogène haute efficacité tourne à l’avantage de ce dernier. Mais les grands enjeux concernent la suite...

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L'une descend, l’autre monte. Déclin programmé par les pouvoirs publics d’un côté, poussée technologique mondiale de l’autre. Depuis juin 2009 (bannissement des ampoules 100 W), les références de lampes à incandescence sont graduellement éteintes en ordre de puissance décroissante : 75 W, 60 W, 40 W… 25 W. Les GSA, seules, proposent encore ces dernières jusqu’en septembre, les GSB n’en n’ont plus… A l’inverse, l’ascension de la LED vers des puissances de plus en plus élevées, a modestement commencé il y trente ans par des petites diodes clignotant dans des circuits électroniques. Puis leur flux lumineux est devenu suffisant pour des applications d’éclairage festif, du balisage, mais pas pour de l’éclairage général…

En 2007-2008, les lampes à leds revendiquaient des flux lumineux comparables à des lampes à incandescence de 20 à 30 watts environ. En 2011, la 60 W « non dirigée » est déjà dans les rayons. Chez Philips et Osram, on annonce des équivalents 75 W dans leurs gammes pour les prochaines semaines ou mois, un seuil stratégique sur le marché de l’éclairage général. Une famille émergente donc, mais pas tout à fait mature. « La technologie LED est mature dans de nombreuses applications, elle est en train de le devenir pour l’éclairage général omnidirectionnel. Mais le marché doit encore s’assagir », estime un expert international, le physicien Georges Zissis, professeur de génie électrique à l’Université de Toulouse.

Qu’est-il arrivé à la fluocompacte ?

Or le marché de la lampe domestique « non dirigée » est un marché de masse (75 % du marché total des lampes), il lui faut pour le temps présent des technologies matures. Avec la fin de l’incandescence, la référence du marché devrait normalement être actuellement la fluocompacte (CFL). Datant des 1980, elle présente une efficacité lumineuse de 45 à 70 lumens/watt (contre 12 lumens/watt pour l’incandescence). Ces « lampes à basse consommation » s’étaient très bien vendues les années qui ont précédé l’interdiction ( 21 % de croissance entre 2007 et 2008, sur un marché de l’éclairage général très morose : - 8 % au total, - 13 % pour l’incandescence). Une forte dynamique en faveur de cette famille de produits accompagnait l’entrée en vigueur de la réglementation européenne… En 2009-2010, le marché envoyait toujours des signaux favorables (progression en valeur). En 2010-2011, le secteur perd en volume et en valeur. Les ventes de fluocompactes ont baissé de 11,6 % en GSA et de 7,8 % en GSB sur un an suivant des données GFK de mars 2011, cités par LSA. Le produit reste assez mal aimé, en dépit de réels progrès : compacité, meilleur indice de rendu des couleurs, et température de couleur donnant un éclairage plus attrayant, vitesse d’allumage… Il est vrai aussi qu’elles continuent à soulever des préoccupations diverses de santé et d’environnement… Il y a enfin la question de leur prix. Dernièrement a été évoqué le boom du tarif des terres rares utilisées comme poudre luminophore dans les CFL. Celles-ci qui ont progressé au rythme de 10 000 $/la tonne/par mois en 2010 sont passées à 109 036 €/la tonne en moyenne en février 2011 en raison de la croissance de la demande mondiale . Ces matières premières sont extraites à 97 % en Chine . Ce pays qui produit aussi plusieurs milliards d’ampoules par an (dont la plupart des nôtres) a d’ailleurs lui-même annoncé en décembre 2011 son intention de supprimer l’incandescence sur son marché intérieur pour passer à son tour à la lampe CFL . Quoi qu’il en soit, en France, la fluocompacte est surtout concurrencée par la lampe halogène haute efficacité. Ce n’est pas la plus vertueuse (30 à 50 % tout de même d’économie d’énergie) mais sa lumière est plus belle, c’est aussi celle qui ressemble le plus à la lampe type Edison qu’affectionne le public. Enfin, elle est moins chère. Résultat : 30 % des ventes sur un an en février 2011 (GFK). Une chance pour l’usine Osram à Molsheim en Alsace qui s’était reconvertie à cette fabrication après la fin de l’incandescence classique.

LED-Oleds : une filière à structurer

Si l’Union européenne a lancé début 2012 une consultation sur les SSL (solide state lights : éclairage à base de composants électroniques autrement dit LED et Oled) c’est (n’en doutons pas) par souci des utilisateurs de promouvoir la performance énergétique. Mais c’est aussi pour conserver son leadership industriel dans le secteur de l’éclairage. La branche réalise 20 milliards d’euros de CA et ses leaders Philips et Osram (filiale de Siemens) sont respectivement les n° 1 et n° 2 mondiaux. Ces derniers sont des marques généralistes développant de longue date des stratégies transversales (ils sont présents sur toutes les technologies et tous les segments). Ils font d’ailleurs partie du tout petit nombre d’acteurs qui produisent eux-mêmes des semi-conducteurs luminescents. Si Philips contrôle pour cela Lumileds (principal Américain avec Cree), Osram n’est pas en reste avec Osram Opto dans les premiers rangs mondiaux face à des Japonais tels Nichia, Toyoda Gosei, Citizen, Toshiba, des Taïwanais (Edison Opto, etc.)... Cependant la complexité de la « chaîne de valeur » est grande de la puce à la lampe. Certains acteurs sont spécialisés dans la réalisation de produits semi-finis (modules de LED, etc). Tout en aval, les fabricants de lampes à Leds sont souvent de toutes petites unités d’assemblage (l’ensemble de la filière est localisée principalement dans le Sud-Est Asiatique). La physionomie de cette industrie est donc très différente de la production en série de lampes à incandescente classique. Quant aux marques françaises qui se sont lancées sur ce marché, se sont souvent des intégrateurs disposant de compétences clés dans les techniques d’éclairage, elles se distinguent aussi entre elles par leur stratégie de niche. En 2020, les SSL devraient, dit-on, représenter 70 % du marché de l’éclairage. De nombreux écueils se présentent encore : absence de normes, de traçabilité, problèmes de métrologie… Même s’il diminue tendanciellement, le prix reste un frein. On s’attend enfin à une confrontation entre les acteurs historiques de l’éclairage et les géants de l’électronique grand public (les écrans d’ordinateurs, téléphones et téléviseurs étant également basés sur la technologie Leds, et déjà Oleds) tels Samsung LG et autres qui investissent massivement sur ces technologies clés pour l’avenir.

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