Gros œuvre : l’île de Bendor se refait une beauté

Après soixante-dix années d’activité, l’île de Bendor, située au large de Bandol (Var), se renouvelle entièrement. Propriété de la famille Ricard - à l’origine du groupe de spiritueux du même nom - depuis 1951, l’île a fermé ses portes en octobre 2021 pour un chantier titanesque de cinq ans afin d’y moderniser 28 bâtiments. Fréquenté par des générations d’amoureux de la Méditerranée, l’îlot rocailleux de 7 ha accueillera à terme un hôtel cinq étoiles sur trois sites totalisant 93 chambres et toutes les commodités afférentes, telles que restaurants, spa, club nautique, ainsi que des logements et des bureaux pour le personnel. Le domaine familial, implanté sur le haut de la falaise, fait lui aussi l’objet de quelques aménagements, à la marge.

Interventions en simultané.

A l’embarcadère de la promenade Charles-de-Gaulle de Bandol, les touristes ont laissé place aux ouvriers. Au pic des travaux, ils sont près de 200 à accoster chaque jour. Après les phases de démolition, curage et désamiantage, puis de terrassement jusqu’en décembre 2023, les interventions sur les bâtiments sont en cours jusqu’à la réouverture de l’île au printemps 2026. « Ce projet atypique présente de nombreux défis : l’intervention en simultané sur de plusieurs bâtiments avec des procédés différents, un très haut niveau d’exigence, et l’obligation de mettre en place une logistique rigoureuse. Le tout en préservant les espaces terrestres et maritimes naturels », confie Eric Serrano, le directeur du projet pour Bouygues Bâtiment Sud-Est, en charge des travaux.

Certains ouvrages sont démolis et reconstruits, d’autres sont réhabilités. Si la structure de l’hôtel Delos, situé sur la pointe est de l’île, est préservée, le reste est lourdement restructuré. Une aile est également ajoutée pour augmenter sa capacité d’accueil. Quant à l’hôtel Soukana, sur la pointe ouest, il fait l’objet d’une opération délicate. « Comme le PLU limite la hauteur des constructions neuves au R+ 1, nous devions le conserver pour profiter de la hauteur supérieure existante en R+ 4, sans imperméabiliser davantage le sol », explique Eric Serrano. Seulement, le bâtiment de béton était en très mauvais état. « Nous ne pouvions conserver que les planchers. Ce qui a impliqué d’étayer l’ouvrage, avant de démolir et de reconstruire murs et façades, trame après trame », poursuit-il.

Rythmes différents.

Côté matériaux, toitures en tuiles canal, pierre massive du pont du Gard, pierres collées, tomettes à l’ancienne et enduit à la chaux doivent traduire l’esprit provençal cher à Paul Ricard. Des produits variés à mettre en place sur des bâtiments divers, ce qui a demandé une excellente organisation afin de répartir au mieux les moyens humains et matériels sur l’ensemble des zones. « C’est la raison pour laquelle les travaux avancent à des rythmes différents : quand, d’un côté, nous réalisons le second œuvre des édifices les plus importants, nous attaquons le clos-couvert sur d’autres », illustre Eric Serrano.

A cette problématique s’ajoute l’insularité du site. Pour les approvisionnements comme pour le transfert des hommes, la Société Paul Ricard a mis à la disposition de Bouygues Bâtiment Sud-Est des embarcations qui assurent près de 30 traversées par jour. Grues - et il en a fallu quatre -, camion toupie, menuiseries… tout y passe. L’un des enjeux reste tout de même de stocker et de réutiliser les matériaux sur place plutôt que d’évacuer et de réacheminer la matière par bateau. « Ici, 25 000 t de matériaux de démolition ont été concassées pour être réutilisées en sous-couche de voirie ou de dallage », indique Eric Serrano.

Enfin, pour préserver l’environnement, les architectes ont parfois adapté la position des bâtiments, notamment celle du Nonna Bazaar pour préserver les racines d’un grand pin, et l’entreprise a installé des clôtures de protection autour des végétaux. La touche finale consistera à renaturer 1 500 m² au total.