« La consultation publique du projet de trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (Tracc) est officiellement en ligne », annonçait ce matin le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu. Une consultation inédite qui s’appuie sur un document d’une trentaine de pages, à laquelle sont conviés tous les Français, et dont le secteur du BTP doit s’emparer.
Montrer l'évolution du climat
C’est d’abord un exercice de transparence, qui consiste à montrer, sur la base des rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), que le dérèglement climatique s’accentue. Pour anticiper ces effets, deux scénarios de réchauffement ont été élaborés. Dans l’un, optimiste, aligné avec les engagements attendus dans l’Accord de Paris, le réchauffement est limité à + 2 °C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle sur la France métropolitaine. Dans l’autre, pessimiste, « que nous pourrions dire réaliste, à la minute où nous parlons, en l’absence de mesures politiques additionnelles », pointe Christophe Béchu, le réchauffement mondial se stabilise à 2,8 - 3,2 °C, soit environ +4 °C sur le territoire français d’ici à la fin du siècle.
Deux mois de canicule chaque année
Dans ce scénario, le dérèglement climatique se traduit par deux mois de canicules et jusqu’à 50 nuits tropicales par an, une multiplication par cinq du risque de sécheresse, la disparition de la quasi-totalité des glaciers français, la multiplication des pénuries d’eau et l’augmentation de la fréquence des inondations, l’érosion du trait de côte sur plus de 4000 km. Avec des effets marqués sur les territoires, que ce soit pour les bâtiments, les infrastructures de transport et les réseaux d’énergie, d’eau et de télécommunication.
Une trajectoire de réchauffement qu’anticipent aussi nos voisins, en Allemagne, en Autriche ou encore au Québec, et qui a reçu « un avis favorable et unanime du Conseil national de la transition écologique », indique le Ministre.
Redéfinir les référentiels techniques et normatifs
La définition d’une telle trajectoire de référence doit venir enrichir la mise à jour du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) qui doit être publié à la fin de l’année et devra comporter des actions concrètes. C’est pourquoi les chantiers de ce projet se déclinent en trois grands volets, pour lesquels des retours sont attendus.
Le premier, certainement le plus important, concerne la mise au point des référentiels, normes et règlementations techniques, qui doivent prendre en compte les effets du changement climatique. Le bâtiment et les travaux publics seront bien sûr concernés, et des travaux seront nécessaires pour définir le niveau de protection et de résilience à atteindre et le calendrier. L’enjeu sera aussi d’éviter toute mal-adaptation.
Le second volet visera à accompagner les collectivités territoriales dans leur stratégie d’adaptation. La TRACC sera alors intégrée dans l’ensemble des documents de planification, et les projets de désimperméabilisation, de renaturation ou encore de création d’îlots de fraîcheur seront bien entendu valorisés. En ce sens, le Fonds vert alloue déjà une enveloppe de 2 milliards d’euros aux collectivités territoriales pour l’année 2023.
Le troisième temps concerne les acteurs économiques, qui devront anticiper les conséquences du dérèglement climatique sur leurs activités. Des études de vulnérabilité basées sur la Tracc permettront d’élaborer des plans d’adaptation.
Préservation de la biodiversité
En parallèle, et pour chacun de ces chantiers, une attention particulière devra être portée à la préservation des écosystèmes et de la biodiversité, meilleur rempart contre ces bouleversements.
« Face à l’augmentation des risques, le secteur des assurances est particulièrement touché, ce qui impose de revoir une partie de nos modèles de prédiction », indique Christophe Béchu. À titre d'exemple, une ordonnance de février 2023 prévoit notamment une amélioration de la couverture assurantielle face au retrait-gonflement des argiles.
Les mesures budgétaires à adopter seront aussi au cœur de la consultation. Au regard de la sécheresse de l’été dernier qui a coûté 2,5 milliards d’euros, le ministre rappelle qu’« il vaut mieux utiliser l’argent public non pas pour réparer les dégâts, mais pour s’adapter ».
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé, fin mars, son Plan eau et devrait présenter prochainement son Plan vague de chaleur.
Cette "trajectoire", dont les implications seront déclinées dans tous les secteurs, à tous les niveaux, dans tous les territoires, doit permettre de construire un modèle de résilience de notre société au plus près des réalités du terrain.
Sur la base des questions listées sur cette page, les contributions peuvent être envoyées jusqu’à mi-septembre via l’adresse trajectoire-adaptation@ecologie.gouv.fr.