Alors que la densité a été pointée du doigt suite à la crise sanitaire par les urbains en mal de végétal, Bouygues Immobilier dégaine un outil numérique visant à évaluer l'impact de son activité sur la biodiversité, et à pousser les curseurs pour augmenter la part de nature dans ses projets.
« Le métier de promoteur consiste aujourd'hui à aménager les quartiers, il faut le faire en reconstruisant la ville sur la ville, et donc en densifiant, a rappelé Olivia Conil-Lacoste, directrice du développement durable chez Bouygues Immobilier, lors d'un atelier de travail organisé le 6 juillet dernier dans le cadre du Moniteur Innovation Day, un événement organisé par Le Moniteur à La Seine Musicale de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Pour que la ville soit désirable pour les administrés, les immeubles doivent être à taille humaine, les quartiers doivent être piétons, et il faut remettre de la nature en ville. »
Rappelons que le promoteur s’est engagé dans une démarche de « biodiversité positive », qui vise à augmenter de 10 % minimum la part de la nature sur ses programmes, en comparaison avec la situation avant les travaux. Un quart des surfaces des opérations devront atteindre cet objectif d'ici à 2025.
Coefficient de biotope par surface
Pour y parvenir, Bouygues Immobilier table sur sa « calculette biodiversité », sous la forme d'un tableau Excel à remplir en ligne. « A partir des plans, explique Olivia Conil-Lacoste, le concepteur relève les métrés des différentes typologies de surfaces auquel il applique un coefficient pondérateur, en fonction de son potentiel d’accueil pour la biodiversité. Il sera par exemple de 0 pour les surfaces imperméables, de 0,5 à 0,7 pour un espace vert sur dalle selon l’épaisseur de sol et jusqu’à 1 pour la pleine terre. La somme des surfaces pondérées est ramenée à la surface totale de la parcelle afin d’obtenir un indicateur compris entre 0 et 1. »
Le coefficient de biotope par surface obtenu correspond à la part de surfaces « favorables à la biodiversité » sur la parcelle : perméables, végétalisées… « Certaines villes comme Nantes utilisent un coefficient de biotope par surface pour l’imposer aux promoteurs, mais leur coefficient est différent », observe-t-elle. Pour harmoniser son ambition, Bouygues Immobilier s’est aligné sur celui de l’Ademe. Choix validé par les écologues de la société de conseil en immobilier Elan, membres de l’association Conseil international biodiversité et immobilier (CIBI) dont le promoteur fait partie.
Désormais, chaque agence n’est plus seulement jugée sur sa marge. « Sur un projet immobilier, reprend la directrice du développement durable, on pousse les équipes projets à atteindre un certain score, sachant que chaque type de surface est scoré : plus elle tend vers de la pleine terre, plus elle a un score important et plus elle tend vers de l’imperméabilisation, moins elle a un score important. On score aussi les toitures, les terrasses. »
A terme, Bouygues Immobilier compte demander à ses équipes de tendre vers une note jugée performante : 0,3 sur 1, équivalent à 30 % de surfaces dites favorables à la biodiversité.
Oiseaux chanteurs
Depuis un an, tous ses programmes sont passés au crible dès la conception. Histoire d'insuffler une nouvelle dynamique, qui s'illustre de ses bureaux réhabilités Kalifornia de Malakoff (Hauts-de-Seine) à l'écoquartier Font-Pré de Toulon (Var). Selon le climat et la densité du quartier notamment, cela se traduit par la plantation de chênes, de sauges ou de pelouses sèches en toiture afin d'attirer le lézard des murailles par exemple. Peuvent également être installés des nichoirs pour oiseaux chanteurs comme le merle et des hôtels à insectes.
Et une fois que la nature a repris un peu de place en ville, il faut penser au coup d’après. « A Nanterre Cœur Université, nous avons développé 2 500 m² de terrasses végétalisées. Une ambition prise en compte en amont, en travaillant avec des paysagistes et des écologues. Nous avons confié la gestion de ces espaces à des associations qui rassemblent des habitants de différents immeubles pour nous assurer qu’ils seraient animés », raconte-t-elle. Financées à leur lancement par le promoteur, les associations volent désormais de leurs propres ailes.