Crise du logement, crise climatique, crise sociale : les maires sont en première ligne. Pour mieux comprendre les enjeux auxquels ils sont confrontés et la manière dont ils y répondent (ou tentent de le faire), Bouygues Immobilier a mandaté le cabinet d’études The Boson Project pour une enquête auprès de 30 élus locaux, maires de métropoles ou de villes moyennes, avec une thématique : « comment façonner la ville de 2040 ? »
Argentan et Lyon, même combat
Présentée le 15 novembre, l’étude met en avant deux priorités : l’environnement et l’habitat. Des enjeux qui relèvent souvent d’injonctions contradictoires : produire plus de logements tout en respectant le ZAN. « La ville n’est pas l’ennemie de la transition écologique, souligne Renaud Payre, vice-président socialiste de la métropole de Lyon. Elle est la meilleure manière de réduire les déplacements, d’accéder en bas de chez soi à des activités, la meilleure manière de vivre ensemble et un élément de la transition écologique. »
Pour concilier objectif environnemental et production de logements, une majorité d’élus sondés mise sur la densification. Tous soulignent la nécessité de « partir de l’existant, pour rénover et remettre sur le marché des logements ». « Il faut arrêter l’étalement urbain et rénover. Le vrai sujet, c’est comment on répare la ville, comment on la fait évoluer », argumente Frédéric Leveillé, maire socialiste d’Argentan (Orne). La densification, concept de plus en plus assumé par les élus, est entendue sur un axe vertical, avec la surélévation des bâtiments ou un axe horizontal, avec un travail sur les dents creuses.
Renforcer le droit de préemption
L’autre sujet de revendication des élus porte sur plus de moyens au service de leur politique de l’habitat afin d’exercer une maîtrise foncière et préempter, avant les promoteurs, le cas échéant. « L’Etat se repose beaucoup sur les collectivités locales sans leur donner pleinement les moyens d’agir » déplore Hervé Chevreau, maire centriste d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Dans ce contexte, le rôle des établissements publics fonciers (EPF) est pointé comme essentiel.
Les questions de gouvernance et de changement d’échelle sont aussi soulevées par les maires. Tous souhaitent un changement de vocabulaire pour penser habitat et non plus seulement logement. Ainsi penser la ville au-delà du périmètre de la commune permettrait par exemple de mettre fin aux quartiers mono-fonctionnels.
Le promoteur : exécutant ou partenaire du maire ?
Dans cette quête de 2040, deux écoles s’opposent à propose du rôle des acteurs privés. Certains élus les voient « purement » comme des « prestataires, attendus sur la seule exécution ». « Les promoteurs, ils construisent. Ce ne sont pas eux qui décident, c’est nous », considère C’est le cas de Crescent Marault, maire Les Républicains d’Auxerre (Yonne).
D’autres jouent la synergie, percevant le privé comme un partenaire, à l’instar du maire socialiste de Saint-Nazaire, David Samzun : « Je suis plutôt fan de ces alliances privés/publics : construire la ville seul n’est pas intéressant. On a besoin les uns des autres (…) Travaillons encore mieux ensemble. »
Un plaidoyer pour une convergence des intérêts que défend aussi Olivier Durix, directeur général des offres et services chez Bouygues Immobilier, commanditaire de l’enquête : « L’enjeu est de construire mieux, en transformant et en apportant aux collectivités le maximum de réponses à toutes leurs préoccupations. »